Le Conservatoire présente ce week-end deux concerts au bénéfice de sa Fondation. Hier soir, Raffi Armenian dirigeait la neuvième Symphonie de Beethoven devant un auditoire de quelque 1 500 personnes à l'église Saint-Jean-Baptiste. Ce soir, 19h30, au Conservatoire même, 15 professeurs de la maison offrent un programme de musique de chambre: Schubert, Poulenc, Ewald.

Oeuvre unique en son genre dans le répertoire tout entier, la célèbre Neuvième est choisie cette année pour divers événements. Nézet-Séguin en fera l'ouverture du Festival de Lanaudière le 9 juillet et Nagano, le baptême de la nouvelle salle le 7 septembre.

Pour sa présentation de la Neuvième, M. Armenian, qui dirige à la fois le Conservatoire et l'orchestre de l'institution, avait réuni quelque 300 jeunes, ce nombre incluant les membres du choeur et de l'orchestre de la maison et les choristes de l'école Joseph-François-Perrault. Bien que présente pendant toute l'exécution, soit 65 minutes, la masse de 250 choristes ne s'anima qu'au moment assigné par le compositeur, c'est-à-dire au fameux finale chanté sur le texte de l'Ode à la joie de Schiller. Les trois mouvements qui précèdent sont purement orchestraux.



Dès le suspense des toutes premières mesures, on sentait Armenian en pleine possession de l'oeuvre et en plein contrôle de ses effectifs. Cette Neuvième s'annonçait impressionnante et elle le fut. Quelques très légers problèmes de coordination -- chose tout à fait normale dans un tel exercice - n'ont diminué en rien la bonne marche des événements, la vitalité du discours et l'expression qui rejoignit l'auditoire attentif et silencieux. Armenian mena un Adagio particulièrement expressif, assorti de quelques discrets rubatos.



Porté hier soir à 65 musiciens, l'orchestre s'est enfin montré l'égal de ses pendants de McGill et de l'UdM, et ce, à tous les niveaux: cordes, bois, cuivres et percussions. Mention toute spéciale au dramatique récitatif des violoncelles et contrebasses à l'unisson, seuls, au début du finale.



Le récitatif vocal qui vient ensuite est confié à une voix masculine grave (basse ou baryton). C'est, des quatre voix solistes, la plus en évidence. Malgré un physique qui n'annonce pas précisément une imposante voix profonde, le jeune John Giffen chanta son solo sans problème. La soprano Jennifer Pyra, quant à elle, atteignit son si aigu de justesse. Les deux autres solistes furent à leur affaire et le choeur chanta avec énergie et justesse.



L'auditoire fit à tous les participants une ovation monstre et bien méritée. Pour un «bénéfice», la soirée restait quand même un peu courte: à peine plus d'une heure...

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DU CONSERVATOIRE DE MONTRÉAL, Choeur du Conservatoire (dir. Louis Lavigueur), Choeur de l'école Joseph-François-Perrault (dir. Pascal Côté). Chef d'orchestre : Raffi Armenian. Solistes : Jennifer Pyra, soprano, Hélène Brunet, mezzo-soprano, Antoine Bélanger, ténor, et John Giffen, basse. Hier soir, église Saint-Jean-Baptiste.



Programme: Symphonie no 9, en ré mineur, avec choeur et quatre voix solistes, texte de Friedrich Schiller, op. 125 (1817-24) - Beethoven