Au menu Nagano-OSM hier après-midi: deux symphonies de Mozart encadrant le concerto pour violoncelle le plus connu du répertoire et une oeuvre vocale contemporaine, soit deux solistes et non un seul. Il y avait de quoi remplir Wilfrid-Pelletier et ce fut fait.

De Mozart, Nagano amateur de géographie a choisi deux symphonies portant les noms des villes où elles furent composées et créées: Paris pour la première, Linz, en Autriche, pour la seconde cinq ans plus tard.

Tout en utilisant la plus grande partie de l'orchestre, il maintient une respectable clarté du commencement à la fin de sa lecture aux tempi toujours judicieux. Il revient d'ailleurs à la position des premiers et seconds violons à gauche et à droite du podium, rendant ainsi justice aux seconds, auxquels Mozart donne ici un rôle parfois très différent et même plus important que celui de leurs vis-à-vis.

La Symphonie no 31 ne comporte pas de menuet, pas de reprises non plus. En revanche, Mozart a laissé aux interprètes le choix de deux mouvements lents. Nagano choisit l'Andantino entendu habituellement. La Symphonie no 36 suit la formule traditionnelle en quatre mouvements, avec des reprises que Nagano fait ou ne fait pas, selon son goût.

Deux impeccables Mozart, donc. Il y manque pourtant cette articulation incisive que Dutoit donnait à cette musique. L'OSM vit une autre période de son évolution.

«On croit voir entrer Georges Brassens avec sa guitare», avais-je écrit en 1998 lorsque Mischa Maisky vint jouer le Concerto pour violoncelle de Dvorak. Le spectacle est le même, 13 ans plus tard, à une différence près: hier après-midi, le violoncelliste russe de 63 ans a joué son Dvorak d'une façon bien supérieure. Oublions quelques petits accidents au finale. Tout ce qui précédait était senti, juste, d'une belle sonorité, et Nagano fit véritablement de la musique de chambre avec son soliste au mouvement lent.

Une mauvaise surprise nous attendait après l'entracte: Correspondances, groupe de cinq pièces pour voix et orchestre de Henri Dutilleux, un autre de ces compositeurs contemporains auxquels Nagano voue - on ne sait trop pourquoi - un véritable culte. Le «doyen» de 95 ans a commis il y a déjà une dizaine d'années ce prétentieux sous-produit de la filière Debussy-Ravel que chantait hier, et somptueusement habillée, la soprano américaine June Anderson, 58 ans.

En quelle langue chantait-elle? J'ai entendu des cris, des hou-hou, des a-a-a-a-aaa, assortis de toutes sortes de bruits d'orchestre, et ce, pendant 18 minutes.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Solistes: Mischa Maisky, violoncelliste, et June Anderson, soprano. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Dimanches en musique».

Programme:

Symphonie no 31, ré majeur, K. 297 (Paris) (1778) - Mozart

Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur, op. 104, B. 191 (1894-95) - Dvorak

Correspondances, pour voix et orchestre (2001-03) - Dutilleux

Symphonie no 36, en do majeur, K. 425 (Linz) (1783) - Mozart