Après la «Nuit blanche» du week-end dernier, c'était, hier, l'«Après-midi des huit concerts». J'ai choisi Rachel Barton Pine, dans ses débuts au LMMC. Régulièrement invitée au Festival de Denis Brott (où elle revient cette année) ainsi qu'à Lanaudière, la violoniste américaine avait fait salle comble à Pollack.

Dans son drôle d'accent du Midwest, la souriante musicienne de 36 ans rappela sa première visite ici: 1991, à 16 ans, comme candidate au Concours international de violon de Montréal. Il aurait fallu préciser: l'ancien concours, car il y en a un autre depuis!

Elle ouvrit son programme avec un Bach, la première Sonate pour violon seul, qui allait s'avérer le moment le plus enrichissant des deux heures à venir. Sur son Guarnerius del Gesù de 1742, et de mémoire (faut-il le préciser!), elle fit parler cette musique austère avec le plus beau naturel et avec juste ce qu'il faut de rubato et de sonorité pour empêcher que le discours ne s'assèche. Chacun des quatre mouvements se déroula dans un tempo idéal; la Sicilienne (troisième mouvement) retrouva tout son relief de dialogue entre la corde de sol et les cordes supérieures, et le Presto final fut joué avec ses deux reprises.

Le programme n'en restait pas moins des plus conservateurs: Bach, Fauré, Brahms, Ravel. Toujours la même chose, ou presque. Pourquoi l'invitée n'a-t-elle pas inclus une oeuvre peu connue, de son pays, peut-être? Elle aurait fait salle comble tout autant, j'en suis convaincu. (Je ne parle évidemment pas du petit morceau de William Grant Still servi en rappel.)

La violoniste traduisit correctement le pâle Fauré, l'aimable Brahms et le pittoresque Ravel aux effets de guitare, peu stimulée par un accompagnateur qui hélas! n'est que cela, un accompagnateur.

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RACHEL BARTON PINE, violoniste, et MATTHEW HAGLE, pianiste. Hier après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation: Ladies' Morning Musical Club.

Programme:

Sonate pour violon seul no 1, en sol mineur, BWV 1001 (c. 1720) - J. S. Bach

Sonate no 1, en la majeur, op. 13 (1875-76) - Fauré

Sonate no 2, en la majeur, op. 100 (1886) - Brahms

Sonate en sol majeur (1923-27) - Ravel