Les chanteurs figurent rarement à la programmation du LMMC. On en rencontre parfois un dans une saison, jamais plus, et parfois même aucun. Hier après-midi, le Club réinvitait la mezzo canadienne Susan Platts et sa pianiste Rena Sharon.

Le nom de Susan Platts est principalement identifié ici à des Mahler présentés par nos différents orchestres, sa participation la plus récente étant la Résurrection à l'Orchestre Métropolitain en septembre dernier.

Il ne fallait donc pas s'étonner du programme proposé hier. Mahler en occupait plus de la moitié, avec le cycle des Kindertotenlieder et le recueil des cinq Rückert-Lieder et, comme si cela ne suffisait pas, deux autres pièces; le reste était périphérique, allant de Brahms à Korngold en passant par Richard Strauss.

Bref, un programme allemand qui était, tout à la fois, original, inégal, sévère et lourd.

Annonce est d'abord faite - en anglais par la chanteuse et en français par la pianiste, ex-Montréalaise - que l'ordre des deux premières pièces (deux Brahms) est changé: l'histoire légère du chasseur sera racontée avant l'extatique promenade des deux amoureux.

Susan Platts a livré son programme entier de mémoire, dans un allemand bien articulé, et avec une voix généralement forte et timbrée pourtant marquée de quelques imperfections: occasionnels et légers écarts de justesse, aigu parfois forcé, grave non suffisamment soutenu.

Il était clair que chanteuse et pianiste s'étaient imprégnées de l'atmosphère de chaque pièce et qu'elles avaient préparé ce récital de longue haleine. En fait, l'une et l'autre nous ont donné hier ce que j'appellerais le maximum. Contrairement aux apparences, la pianiste ne jouait pas trop fort. Il ne faut pas oublier que, dans la moitié des cas, elle exécutait au piano ce qui l'est normalement par un orchestre entier. Par contre, la chanteuse avait souvent tendance à surinterpréter, principalement dans les Mahler. Point n'est besoin de voir la mère pleurer ses enfants morts: le texte décrit déjà la situation.

En rappel, elle a offert Schmerzen, un extrait des Wesendonk-Lieder de Wagner.

________________________________________________________________________________

SUSAN PLATTS, mezzo-soprano. Au piano: Rena Sharon. Hier après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentatrion: Ladies' Morning Musical Club.