Invitée à Pro Musica hier soir, Maneli Pirzadeh avait partagé son programme entre Franz Liszt et Robert Schumann. La pianiste d'origine iranienne, professeur à la Faculté de musique de l'UdM, établissait ainsi un intéressant lien entre ces deux grands romantiques nés à un an d'intervalle. On sort de l'année Schumann (1810-1856) pour entrer dans l'année Liszt (1811-1886).

L'idée saugrenue de présenter un concert entier dans l'obscurité a maintenant rejoint Pro Musica. À la noirceur s'ajoutait le fait que la pianiste a une épaisse chevelure noire et qu'elle était entièrement habillée de noir. Cette totale noirceur favorise sans doute la concentration de l'artiste et celle de l'auditeur, mais elle peut aussi porter celui-ci au sommeil et très certainement l'empêcher de consulter les notes de programme (et qu'on n'aille pas me dire que les spectateurs se hâtent de les lire avant le concert!).

Maneli Pirzadeh avait centré son programme sur deux oeuvres très exigeantes aux plans technique et musical: de Liszt, le second recueil, Italie, des Années de pèlerinage; de Schumann, la première Sonate, en fa dièse mineur, op. 11. Quelques petites fautes ici et là ne comptent pas. Maneli Pirzadeh possède une technique très solide, elle a rendu sans effort les montées et descentes d'octaves du Liszt et ne s'est jamais égarée dans l'écriture souvent presque anti-pianistique de Schumann.

La sonorité manquait cependant de puissance et de couleur. Était-ce le piano, la salle, la pianiste, ou un peu de tout cela? Quoi qu'il en soit, je reste convaincu d'avoir écouté une vraie musicienne. Maneli Pirzadeh a maintenu une grande unité de pensée et d'expression à travers les sept oeuvres méditatives ou contemplatives - dont les trois Sonnets de Pétrarque et la fulgurante Dante Sonata - qui forment le recueil de Liszt et elle a apporté au Schumann un bel équilibre de dramatisme, de lyrisme et même de fantaisie.

Elle s'est simplement engagée trop vite dans un rappel, la deuxième Romance, de Schumann encore, et aurait dû plutôt laisser les derniers accords de l'op. 11 s'éteindre doucement...

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MANELI PIRZADEH, pianiste. Hier soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica.

Programme:

Années de pèlerinage. Seconde Année: Italie, S. 161 (1837-58) - Liszt

Sonate no 1, en fa dièse mineur, op. 11 (1833-35) - Schumann