Digne d'un festival, l'initiative était celle de musiciens locaux bien connus, membres de l'OSM ou de l'OM ou professeurs au Conservatoire: présenter la septième Symphonie de Bruckner dans la version pour 10 exécutants qu'Arnold Schoenberg commanda en 1921 à ses collègues Hanns Eisler, Erwin Stein et Karl Rankl pour son Association viennoise de concerts privés.

Malgré le froid, l'événement avait attiré dimanche après-midi quelque 200 personnes au Conservatoire.

Bien que les trois arrangeurs aient travaillé isolément - 1er et 3e mouvements confiés à Eisler, Adagio à Stein, Finale à Rankl -, une réelle unité stylistique caractérise le résultat, que se partagent quatuor à cordes, contrebasse, clarinette, cor, harmonium et piano à quatre mains.

Toutes les voix de la partition sont là. Il est toujours intéressant d'observer comment l'arrangeur a adapté tel passage d'orchestre à ce qu'il avait entre les mains. Les exemples sont multiples. Ainsi, les quatre tubas wagnériens qui ouvrent l'Adagio sont représentés par le cor seul. Au Scherzo, le thème initial à la trompette passe à l'aigu du piano; le même piano imitera ensuite la ponctuation des timbales annonçant le Trio.

Il y a, dans le son produit par la réunion de ces instruments, une sorte de «pesanteur orchestrale» qui est quasi palpable dans une salle comme celle du Conservatoire. Mais les 10 musiciens en présence nous ont donné beaucoup plus qu'une exécution très exacte: une véritable interprétation, avec la force dans les crescendos et la profondeur d'expression d'un orchestre de 100 musiciens soulevé par un grand brucknérien.

Ils méritent tous la même mention: Olivier Thouin et Marianne Dugal aux violons, Rémi Pelletier à l'alto, Sylvain Murray au violoncelle, Yannick Chênevert à la contrebasse, Jean-François Normand à la clarinette, Louis-Philippe Marsolais au cor, Olivier Godin à l'harmonium, Sandra Murray et Claire Ouellet au piano.

L'audition sans entracte prit 67 minutes exactement. Il est fortement question qu'ATMA la porte au disque. On le souhaite, et d'autant plus que les enregistrements de ce Bruckner de chambre sont rarissimes.

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ENSEMBLE INSTRUMENTAL. Dimanche après-midi, Conservatoire de musique. Programme: Symphonie no 7, en mi majeur (1881-83), d'Anton Bruckner, version pour petit orchestre de Hanns Eisler, Erwin Stein et Karl Rankl (1921).