Le Messie de l'Orchestre Symphonique de Montréal à la Basilique Notre-Dame, l'une de nos belles traditions des Fêtes, est enfin rétabli après une absence de quatre ans. Et la réponse du public est éloquente : le temple de la place d'Armes, qui peut contenir 3000 personnes, était presque comble hier soir et on annonce «presque complet» pour la reprise demain soir.

Adepte du baroque, Kent Nagano a choisi une présentation de petit format : 34 musiciens à l'orchestre, principalement des cordes, et 50 choristes. Dans le même esprit, il se limite à une gestuelle parcimonieuse et favorise des tempi allègres et un style sobre : minimum de vibrato chez les cordes, grande simplicité chez les solistes.

Concernant les solistes, je dirais même discrétion. Placés devant le choeur, ils semblent s'en détacher pour leurs solos et, bien qu'ils montent alors sur une petite élévation, on les sent bien loin.

Tout intime qu'il soit, ce Messie enregistré pour la télévision est accompagné de l'inévitable va-et-vient des cameramen et assorti d'éclairages venant de partout, multicolores et parfois aveuglants.

Préparé par un chef invité, Andrew Megill, le Choeur de l'OSM est généralement impeccable, comme l'est le détachement de 34 musiciens de l'orchestre.

Chez les solistes, première mention au soprano clair et agile de Dominique Labelle suggérant, tout à fait à propos, une voix d'enfant. Le haute-contre Daniel Taylor chante les solos habituellement confiés à un mezzo. Il n'a manqué hier soir ni de voix ni d'expression, il a ornementé la reprise du He was despised, et pourtant, il ne m'a pas ému comme d'habitude. La distance, sans doute...Le baryton Tyler Duncan a bien exécuté les mélismes de Thus saith the Lord, sa première intervention, mais se contenta par après d'une prestation très moyenne. Le ténor Michael Schade a chanté convenablement, sans plus.

Le célèbre choeur Hallelujah!, qui termine la deuxième des trois parties de l'oratorio, provoque habituellement le même rituel : la foule se lève à ce moment-là, selon une tradition dont on ne connaît pas l'exacte origine. Hier soir, quelques auditeurs seulement se sont levés.

Nagano nous donne la partition absolument complète, dans l'édition Bärenreiter également utilisée par Labadie. Les 53 numéros de l'édition plus courante, celle de Novello, sont simplement groupés différemment, ce qui donne 47 numéros. L'instrumentation est presque la même dans les deux éditions et les cordes y dominent.

Les deux pauses comprises, l'audition totalise deux heures et demie.

«MESSIAH», oratorio en trois parties, texte anglais de Charles Jennens d'après la Bible, musique de George Frideric Handel (1742). Édition Bärenreiter (1965).

Orchestre Symphonique de Montréal et Choeur de l'OSM. Dominique Labelle, soprano, Daniel Taylor, haute-contre, Michael Schade, ténor, et Tyler Duncan, baryton. Dir. Kent Nagano. Hier soir, Basilique Notre-Dame; reprise demain soir, 19 h 30. (Télédiffusion : Radio-Canada, 23 décembre, 21 h, et CBC, 24 décembre, 24 h.)