Yannick Nézet-Séguin, précédé de récents triomphes très médiatisés, de Berlin à New York, a été accueilli hier soir par une salle Wilfrid-Pelletier archi-comble, soit quelque 3000 personnes qui, en fin de concert, l'ont ovationné debout, lui et ses 200 musiciens et choristes, pendant de longues minutes.

Le jeune chef partageait ce troisième programme de la 30e saison de son Orchestre Métropolitain entre Bach et Ravel, deux compositeurs n'ayant rien en commun, bien qu'il ait justifié d'une certaine façon le rapprochement dans sa traditionnelle présentation au micro.

De Bach, il avait choisi le Magnificat en 12 brèves parties, avec cinq voix solistes et choeur, dans la seconde version, en ré majeur, qui faisait 27 minutes (Labadie nous avait donné la version originale en mi bémol en 2007).

De Ravel, l'intégrale de Daphnis et Chloé totalisait une heure très exactement, après l'entracte. Nézet-Séguin ne put s'empêcher de faire allusion - sans le nommer - au défunt tandem discographique Dutoit-OSM qui naquit avec cette même partition en 1980 - il y a donc 30 ans, comme l'OM...

Le Magnificat reçut une bonne lecture de routine, avec trois solides trompettes, un exquis solo de hautbois de Lise Beauchamp, un honnête quintette de voix solistes dont se détachaient les Beaudin, Ferguson et Hegedus, et l'addition de 140 charmants enfants qui hélas! chantaient faux et auraient dû être dans leurs lits à cette heure-là.

Daphnis et Chloé fut ce que j'appellerais une belle demi-réussite. Dutoit animait cette musique d'une sorte de magie qui transfigurait l'orchestre et les interventions chorales. Nézet-Séguin obtint de l'OM une réelle beauté de timbres (en plus du vent et des oiseaux!), mais il n'a pas suffisamment fréquenté cette musique pour transcender les longueurs de la première moitié du scénario.

Il fut plus heureux dans la seconde moitié, encore que le choeur n'y eût pas l'immatérialité souhaitée. C'est là que se trouvent les meilleures pages; celles-ci forment d'ailleurs la deuxième Suite, celle qu'on joue habituellement, et dont Nézet-Séguin a signé en 2007, chez EMI, un superbe enregistrement avec son orchestre de Rotterdam.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN, Choeur de l'OM et Choeur de l'École Le Plateau. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Solistes: Pascale Beaudin et Karine Boucher, sopranos, Emma Parkinson, mezzo-soprano, Aaron Ferguson, ténor, et Stephen Hegedus, baryton. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Programme:

Magnificat en ré majeur, pour cinq voix solistes, choeur et orchestre, BWV 243 (1730) - Bach

Daphnis et Chloé, partition de ballet, pour choeur et orchestre (1912) - Ravel