L'«Hommage à Gilles Tremblay», qui semblait ne devoir jamais finir, s'est terminé hier soir par un récital-marathon de la pianiste Louise Bessette à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. D'une durée de plus de deux heures et demie, entracte compris, l'événement avait attiré un auditoire assez nombreux (200 personnes) pour qu'on ouvre la salle d'exposition derrière la petite scène.

Le programme de notre grande spécialiste du piano contemporain, qui ne fait pas du tout ses 51 ans, comportait neuf créations d'autant de compositeurs d'ici qui furent élèves de Tremblay et, encadrant le tout, les quatre pièces que le compositeur fêté destina au piano.

L'idée de cette fête revient à Marc Hyland et Isabelle Panneton, deux anciens de la classe de Tremblay, qui, bien sûr, figuraient parmi les compositeurs joués hier soir. Chaque pièce était précédée, sur écran, d'une brève présentation préenregistrée par son auteur. Tous présents, les compositeurs entourèrent le maître de 78 ans à la fin du concert.

Pas la peine de revenir sur les pièces de Tremblay, leurs rappels de Messiaen et leurs innombrables bruits d'oiseaux. Voyons plutôt ce qui était nouveau, ou annoncé comme tel.

Je me rappelle avoir entendu Isabelle Panneton dire qu'elle travaillait sur les résonances, mais j'ai tout oublié ce que j'ai entendu d'elle hier soir.

André Villeneuve a beaucoup de difficulté à parler de sa musique. De la difficulté aussi, semble-t-il, à composer. Dans son Prélude, on dirait qu'il cherche une mélodie mais ne la trouve pas. Il a cependant le mérite de faire autre chose que du bruit.

Idem pour Serge Arcuri et son attrayant Jardin sauvage.

Hyland déjà nommé invite son interprète à «naviguer» au milieu d'un texte musical à plusieurs portées et à participer ainsi à la composition.

Chez Silvio Palmieri, «des vibrations désespérées écorchent le silence». C'est lui qui parle... et le piano réagit en accord.

Entracte. Une partie de la salle se vide, mais le récital va continuer. On entend claquer des talons. C'est Louise Bessette qui revient, chantonnant et portant des gants noirs troués. Elle joue d'abord debout devant le clavier, qu'elle écrase ensuite de ses deux bras pour une petite séance de clusters. Bien de la mise en scène pour une autre pièce bien ordinaire, et bien longue, signée Alain Lalonde.

Faisant allusion aux oiseaux de Messiaen, c'est-à-dire de Tremblay, Anthony Rozankovic a choisi l'humble pigeon de ville et le met en musique avec la plus grande simplicité.

On retrouve la même absence de prétention dans le joli petit morceau de piano de François Dompierre, dont on ignorait qu'il avait étudié avec Tremblay.

Dernier ex-élève entendu: Sean Pepperall. Son mélange tonal-atonal à la Mozart ne m'a laissé aucune impression. En fait, la seule impression digne de mention que je rapporte de ce récital - et elle est très forte - , c'est l'enthousiasme, le professionnalisme, la vivacité d'esprit et l'endurance herculéenne de Louise Bessette. L'héroïne du jour, c'est elle.

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LOUISE BESSETTE, pianiste. Hier soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur.