La prestation de Gidon Kremer et de l'orchestre qu'il a fondé, la Kremerata Baltica, marquera ce soir le coup d'envoi de la nouvelle Série classique présentée à la Place des Arts, série comprenant six concerts. La Presse a posé trois questions au célèbre violoniste.

Q : Ce soir vous allez jouer le Quatuor opus 131 de Beethoven, dans une transcription pour orchestre à cordes. Il est considéré comme l'un des grands chefs-d'oeuvre du compositeur. Comment l'abordez-vous?

R : Cette oeuvre fascine par sa grandeur. C'est une pièce où le fait de «bien performer», ce que nous espérons être le cas à l'occasion, ne peut jamais être parfaitement atteint. C'est une oeuvre plus grande que nature et l'aborder est un privilège. La possibilité de la jouer avec un orchestre permet d'explorer plus de dimensions, bien que l'intimité puissante du quatuor ne puisse jamais être contestée. Dans notre interprétation, nous essayons de rendre ces deux aspects.

Q : Vous interpréterez aussi des oeuvres de Lera Auerbach et de Geya Kancheli, deux compositeurs actuels. Que pouvez-vous nous dire de ces compositeurs et des oeuvres que vous allez jouer?

R : Ces deux compositeurs sont des amis et des associés de mon orchestre depuis des années. Les deux oeuvres que nous allons jouer font partie des enregistrements les plus récents de la Kremerata Baltica. Ce sont des oeuvres que l'on peut voir comme des déclarations très personnelles de leurs auteurs sur notre époque, mais en même temps, comme toutes les grandes oeuvres musicales, elles sont, en quelque sorte, intemporelles. Les deux oeuvres ont été composées pour moi et pour la Kremerata Baltica, et nous voulons en être de bons ambassadeurs.

Q : Comment la Kremerata Baltica a-t-elle évolué depuis sa fondation en 1997?

R : En 14 ans, nous sommes devenus une famille, avons enregistré 25 disques, joué avec des grands solistes et directeurs musicaux, et voyagé partout à travers le monde. Nous avons toujours essayé, dans notre répertoire et notre attitude, de rester éloignés de la routine. Je dirais que le groupe est encore très créatif et spontané. J'aimerais que la sécurité financière de l'orchestre soit assurée, mais comme elle ne l'est pas, il faut vivre en accord avec notre rêve de façon autonome, ce qui nous pousse à toujours essayer de relever de nouveaux défis.