Frédéric Champion, au nom prédestiné, remporta en 2008 le grand prix du premier Concours international d'orgue du Canada, lancé cette année-là à Montréal. On entendra l'organiste français de 34 ans ce soir, 20h, à la Basilique Notre-Dame, avec trois autres lauréats de concours internationaux d'orgue. Sur un récent disque ATMA, M. Champion joue au Casavant de l'église Saint-Jean-Baptiste des oeuvres différentes de celles qu'il jouera ce soir au Casavant de la place d'Armes.

Selon les critères de l'industrie de la musique, il est sûr qu'un nom comme le sien peut ouvrir bien des portes. Le nouveau venu n'est toutefois par un virtuose éblouissant comme Pierre Pincemaille et Olivier Latry, par exemple, ou encore Thierry Escaich dont il joue ici une oeuvre. Il reste néanmoins un organiste de premier plan comme technicien, registrateur et interprète.

Sur la foi de ce disque, il excelle dans les pages des années récentes signées Escaich, justement, Jean-Louis Florentz et Jean-Baptiste Robin, et qui sont, respectivement, Eaux natales, Harpe de Marie et Regard sur l'Aïr. La pochette ne dit pas un mot sur ces pièces où l'organiste fait sonner le vieux Casavant symphonique de SJB comme un orgue moderne doté des timbres les plus inusités.

M. Champion reste tout aussi convaincant dans les oeuvres des années 30 qui illustrent la modernité de l'époque: Suite op. 5 de Maurice Duruflé, deuxième Fantaisie de Jehan Alain.

La partie du programme qu'il puise au répertoire de l'orgue symphonique est plus inégale. Le premier mouvement de la sixième Symphonie de Widor est réussi: le récitatif est agitato, tel qu'indiqué, et le thème unique circule clairement d'un clavier à un autre. Le tapageur extrait du triptyque Évocation de Dupré se situe dans la tradition de Widor, mais non la meilleure, et M. Champion nous livre sa transcription de la Danse macabre de Saint-Saëns avec de telles hésitations qu'on dirait une première lecture.

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Frédéric Champion, organiste. Atma, ACD22 604.