Le Quatuor Molinari ouvrait sa 14e saison hier soir, au Conservatoire, avec un programme centré sur le minimalisme américain. L'idée avait au moins un avantage: nous épargner momentanément les élucubrations de R. Murray Schafer.

Le minimalisme, ce genre musical dont on dit qu'il tend au maximum d'effet avec le minimum de moyens, était représenté par ses trois principaux ténors, tous Américains nés dans les années 30: Philip Glass, Terry Riley et Steve Reich.

Le concert avait attiré 82 personnes. Il fut donné dans la quasi-obscurité car les trois oeuvres au programme étaient accompagnées de projections. Ces vidéos font-elles partie des oeuvres ou ont-elles été ajoutées librement? Les explications à cet égard manquaient de clarté. Ainsi, que veut dire une phrase comme celle-ci: «Le troisième quatuor à cordes de Glass est aussi adapté pour la musique dramatique ou scénique»? En fait, le traducteur n'est pas trop à blâmer car l'original anglais est tout aussi boiteux: «Glass' String Quartet No. 3 is also adapted to dramatic music.»

Peu importe, au fond, la valeur de toute cette musique répétitive étant fort incertaine.

Dans le troisième Quatuor de Glass, un accord se glisse graduellement, disparaît, puis revient, à travers ces petits dessins mélodiques répétés sans cesse aux quatre archets. Sur l'écran : une forêt stylisée et des animaux en ombres chinoises. Durée : 15 minutes. Verdict : assez enfantin, mais plus intéressant à regarder qu'à écouter.

De Salome Dances for Peace, de Riley, dont la durée est d'au moins deux heures, le Molinari a tiré un extrait de 16 minutes où abondent les glissandos suggérant, bien sûr, la danse de la petite princesse juive. Au début, l'écran change plusieurs fois de couleur. Apparaissent ensuite des formes géométriques rappelant les tableaux de Molinari (est-ce un hasard?). Voici finalement notre danseuse, que l'on confond d'abord avec une orchidée. D'autres danseuses s'ajoutent ensuite et bientôt il y en a trop, cependant que la musique, elle, piétine.

Different Trains est la chose la plus longue de la soirée: 25 minutes. Longue, en effet! Et plutôt désordonnée. Reich associe les voyages en train de son enfance à ceux des victimes de l'Holocauste. Les images de la guerre de 1939-45 se révèlent l'élément le plus intéressant de cet exercice où, trop souvent, la bande sonore du film et les séquences préenregistrées engloutissent complètement ce que le Molinari s'efforce de jouer au bas de l'écran.

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QUATUOR À CORDES MOLINARI - Olga Ranzenhofer et Frédéric Bednarz (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle). Vidéo : Annie Bouvrette et Philippe Rivard. Hier soir, Conservatoire de musique et d'art dramatique.

Programme:

Quatuor no 3: Mishima (1985) - Philip Glass

The Gift, ext. de Salome Dances for Peace (1986) - Terry Riley

Different Trains (1988) - Steve Reich