C'est un orchestre, mais c'est avant tout une école. Chaque été depuis dix ans, l'Orchestre de la Francophonie permet à de jeunes musiciens de vivre un concentré de la vie professionnelle, sous la direction de son jeune chef et fondateur, Jean-Philippe Tremblay. Il dirigera la formation dans les quatre symphonies de Schumann, ce soir et demain, à la Salle Pollack.

«L'Orchestre de la Francophonie, c'est l'apprentissage de la vie d'orchestre en huit semaines pour des jeunes de 18 à 30 ans qui souhaitent devenir musiciens professionnels, dit-il. La moyenne d'âge est de 24 ans. Ils vivent des auditions, des répétitions, des concerts et diverses séances de formation. Ils n'ont pas l'obligation d'être francophones, mais la formation est donnée en français.»

Si plusieurs d'entre eux sont Québécois, environ la moitié des membres proviennent d'autres provinces et même d'autres pays. Sélectionnés à chaque année grâce à des auditions qui se déroulent d'un océan à l'autre, ils ont la chance exceptionnelle de recevoir cette formation sans rien débourser, en plus de recevoir une bourse et d'avoir leurs frais de voyage et de séjour payés.

L'aventure a commencé en 2001, lors des Jeux de la Francophonie, à l'initiative de Sheila Copps. Au départ, le projet ne devait durer que le temps des Jeux, mais, de fil en aiguille, l'orchestre a poursuivi sa mission, et depuis, il a donné plus de 200 concerts, effectué une tournée de 13 villes en Chine et fêtera ses dix ans l'an prochain.

L'an dernier, il a donné l'intégrale des Symphonies de Beethoven en concert, enregistrée au Palais Montcalm de Québec, sous l'étiquette Analekta. Le coffret, lancé en janvier dernier, a été bien reçu par la critique, ici comme ailleurs. Mais pourquoi, comme jeune orchestre, enregistrer les neuf symphonies de Beethoven alors qu'il en existe déjà tellement de versions?

«Notre choix de répertoire doit servir avant tout la mission pédagogique de l'orchestre, c'est pourquoi je privilégie ce qui va faire avancer nos musiciens sur le plan professionnel, dit Jean-Philippe Tremblay. Ce sont des symphonies qu'ils auront à jouer très souvent durant leur carrière. Nous les avons jouées en quatre soirs au Palais Montcalm, c'était une expérience géniale.»

Un jeune chef occupé

Après des études au Conservatoire de Chicoutimi, Jean-Philippe Tremblay, 31 ans, a aussi fréquenté l'Université de Montréal et le Royal Academy of Music de Londres, entre autres. Quand il n'est pas en train de s'occuper de son «bébé», l'Orchestre de la Francophonie, il est chef invité pour de grands orchestres un peu partout dans le monde.

C'est ainsi qu'il a eu l'occasion de diriger 19 formations pour la première fois au cours de la dernière saison et fera ses débuts avec dix autres au cours de la prochaine, dont le London Symphony, en avril prochain.

«C'est une formation superbe que de diriger des orchestres complètement différents, dit-il. Comme chef invité, on ne sait pas toujours ce qui se passe dans la vie de ces musiciens, quelles sont leurs relations de travail, quelle est l'ambiance. Ça reste très humain et c'est ce que j'aime, de découvrir ces gens, tout en découvrant le son distinctif de chaque orchestre.»

Quand il séjourne assez longtemps à un endroit, il aime d'ailleurs participer, comme altiste, aux séries de musique de chambre données par les orchestres, quand c'est possible, pour apprendre à les connaître avant de les diriger.

Deux concerts cette semaine

En plus des quatre symphonies de Schumann jouées en deux soirs à la Salle Pollack pour souligner le bicentenaire de la naissance du compositeur, l'orchestre interprètera demain soir une oeuvre qu'il a commandée au jeune compositeur canadien Andrew Staniland, Only Darkness, avec la soprano Geneviève Couillard-Després. Une oeuvre où l'on peut percevoir des influences de Schumann, selon Jean-Philippe Tremblay.

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Orchestre de la Francophonie, Salle Pollack de l'Université McGill, 4 et 5 août 2010, 19 h.