Chopin est à l'honneur cette année à Lanaudière alors que plusieurs pianistes sont invités à interpréter ses oeuvres pour souligner le bicentenaire de la naissance du compositeur. Pour l'occasion, le jeune Cédric Tiberghien, qui connaît une brillante carrière à l'international mais a été très peu entendu jusqu'à maintenant au Québec, a choisi les mazurkas. Il sera au Festival pour deux concerts.

«Quand on pense à Chopin, on pense en général aux nocturnes, aux polonaises, aux valses ou aux études, dit-il. La mazurka n'est pas la première idée qui vient à l'esprit. Pourtant, il en a composé pendant toute sa vie. Ce sont des pièces où il s'est vraiment confié, et c'est pour moi la partie la plus intime de son oeuvre. Avec les mazurkas, le texte en soi n'est pas très difficile, comparé aux ballades ou aux scherzos. Les difficultés sont plutôt liées au style et à l'élégance du discours. Avec une mazurka, on se met complètement nu. Il n'y a aucun moyen de se protéger derrière la virtuosité.»

Le programme de jeudi comprendra également des mazurkas de Scriabine et de Tansman, la première ballade de Chopin, et deux scherzos du compositeur polonais. Quant à la première apparition de Cédric Tiberghien, demain soir, elle se fera en duo avec la violoniste russe Alina Ibragimova, complice de longue date. Ils interpréteront des sonates pour violon et piano de Bach, Schubert et Schumann. Les jeunes interprètes, qui ont joué en duo partout dans le monde depuis cinq ans, ont aussi enregistré des disques ensemble et se connaissent bien.

«Je m'inspire beaucoup de ce qu'elle fait au violon pour faire progresser mon jeu, dit-il. Elle a une approche très influencée par le baroque et moi, avec le piano, j'ai une approche forcément différente. Le fait de mettre nos conceptions en commun donne un résultat intéressant.»

Jusqu'à présent, le pianiste de 35 ans, qui connaît une belle carrière en tant que soliste, s'est aussi beaucoup consacré à la musique de chambre, sur disque et en concert. «Pour moi, la musique de chambre est vraiment un moment où l'on partage, et c'est enrichissant, dit-il. Jouer avec d'autres instruments permet d'écouter la musique différemment.»

Deuxième visite

Il s'agit seulement de la seconde visite de Tiberghien en sol québécois. Il n'a jamais eu l'occasion de jouer à Montréal, qu'il n'a vu que du haut des airs. Son premier concert au Québec avait eu lieu au Domaine Forget il y a quelques années. Il a cependant joué à Toronto, à Vancouver et à Ottawa.

Du côté international, les tournées l'ont amené sur les cinq continents, alors qu'il s'est produit dans des salles prestigieuses, notamment au Kennedy Center à Washington, à la salle Pleyel à Paris, et à l'Opéra de Sydney. Il retournera d'ailleurs en Australie à l'automne avec Alina Ibragimova, pour une grande tournée de cinq semaines. Un autre concert, très attendu pour lui, aura lieu en novembre: son premier récital au Théâtre des Champs-Élysées. Une salle légendaire pour ce Français formé au Conservatoire de Paris, où il a obtenu le premier prix à 17 ans.

Son prochain disque, déjà enregistré sous l'étiquette harmonia mundi et en vente à l'automne, permettra au public d'apprécier de nouveau une sélection des mazurkas de Chopin sous les mains de Cédric Tiberghien, avec d'autres oeuvres du compositeur.

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Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien, demain, 20 h, à l'église de Sainte-Mélanie.

Cédric Tiberghien, jeudi, 20 h, à l'église Saint-Paul-de-Joliette.