Le traditionnel concert-gala du Concours musical international de Montréal, dont la discipline au programme cette année était le violon, avait attiré une bonne assistance hier soir, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Le président du Concours, M. André Bourbeau, et les commentateurs radiophoniques Françoise Davoine et Mario Paquet animaient la soirée et plusieurs personnalités, dont Joseph Rouleau, président des Jeunesses Musicales du Canada, la ministre Monique Jérôme-Forget et le lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne, remirent les prix aux gagnants.

Donné avec l'Orchestre Métropolitain dirigé par Jean-Philippe Tremblay, chef invité, le concert mettait en vedette les trois principaux lauréats: l'Américain Benjamin Beilman, premier prix (30 000 $), l'Allemand Korbinian Altenberger, deuxième prix (15 000 $), et le Russe Nikita Borisoglebsky, troisième prix (10 000 $).

Une bourse de 2 000 $ fut remise à chacun des trois autres finalistes: Noah Bendix-Balgley, des États-Unis, Jaeyoung Kim, de la Corée du Sud, et Kyoko Yonemoto, du Japon.

C'est hier soir que fut dévoilé le palmarès complet. Le premier prix Beilman reçoit aussi le Prix du public (2 500 $), ce qui confirme une double reconnaissance: celle du jury et celle de l'auditoire. Pour sa part, le troisième prix Borisoglebsky reçoit aussi le prix de 5 000 $ pour la meilleure exécution de la pièce canadienne imposée en première épreuve, One for Solitude, de Kelly-Marie Murphy.

La liste des prix comprend aussi deux montants de 5 000 $ réservés à des concurrents d'ici. Le prix du meilleur candidat du Canada va à Nikki Chooi et le prix Joseph-Rouleau du meilleur candidat du Québec va à Boson Mo.

Rappelons qu'au premier prix est rattaché un enregistrement chez Analekta et un programme de développement de carrière d'une valeur de 20 000 $. De plus, le jeune Beilman est déjà pressenti par Yuli Turovsky pour la saison 2011-12 des Musici. Lors de la somptueuse réception qui suit le gala annuel - et qui dure encore au moment où j'écris ces lignes (2 h du matin!) -, le grand lauréat a aussi rencontré la direction du Festival de Lanaudière et celle de la Maison Trestler, entre autres.

Après une demi-heure d'allocutions et de remise de prix, le concert lui-même débuta par un énergique Beethoven, l'Ouverture Coriolan, où l'acoustique de la salle de 3 000 places découvrit cependant un sérieux problème de coordination entre les deux groupes de violons. Plus tard, l'Ouverture de L'Italiana in Algeri de Rossini fut menée on ne peut plus brillamment.

Premier lauréat entendu, Borisoglebsky délaissa le Brahms (entendu trois fois en finale) pour le premier mouvement du Tchaïkovsky, livré avec virtuosité et passion mais aussi quelques écarts de justesse.

Altenberger suivit, avec son même Chostakovitch no 1 de finale ramené cette fois aux deux derniers mouvements, soit l'étrange et quasi statique Passacaglia couronnée par une cadence de trois pages qui débouche sur un démentiel Burlesque. Toutes ces situations furent rendues avec conviction par le soliste, le chef et l'orchestre. J'ajoute qu'à la corbeille, on n'entendait pas, cette fois, le soliste grincer ou taper du pied.

Venant après l'entracte, la petite pièce (cinq minutes) de Mme Murphy est pour violon et piano, plus précisément pour violoniste et piano sans pianiste. Le violoniste joue en se rapprochant parfois du piano ouvert, dont une pédale a été abaissée de façon à créer une résonance à laquelle doit se mêler le son du violon. À la corbeille, cet effet était perdu.

Fin de concert avec le grand gagnant, Benjamin Beilman, reprenant intégralement son Sibelius de finale. Loin de se reposer sur ses lauriers, Beilman traversa la longue et difficile partition avec une précision qu'il n'avait pas toujours mardi soir et, surtout, avec cette intériorité qui, de la part d'un garçon de 20 ans, nous étonna tous.