Nouvelle salle comble hier soir au deuxième concert de l'intégrale Beethoven de Kent Nagano et l'Orchestre Symphonique de Montréal. La disposition des groupes orchestraux variait encore, cette fois en raison de la présence d'un trio instrumental au coeur des effectifs. Aux neuf Symphonies programmées en cinq concerts, Nagano avait ajouté le Triple Concerto, l'une des rares oeuvres du répertoire tout entier à réunir piano, violon et violoncelle.

Peut-être plus encore que Beethoven, le centre d'intérêt de l'affiche était la présence de Menahem Pressler. Le légendaire fondateur du Trio Beaux-Arts nous visite plusieurs fois cette année. Petit et rondelet, vif et souriant, il montre à 86 ans une énergie et une lucidité proprement phénoménales.

C'est au moins la quatrième fois que Pressler joue le Triple de Beethoven chez nous. Il l'avait donné deux fois à l'OSM, en 1982 et 1997, avec deux différentes formations du TBA (il est le seul membre de la formation originale de 1955). Entre ces deux dates, soit en 1990, il l'avait joué à Orford, avec des musiciens ne faisant pas partie du TBA.

L'oeuvre de Beethoven à trois instruments est un exercice original et divertissant et Pressler y prend un plaisir évident qu'il communique à ses deux coéquipiers et à l'orchestre, et finalement à nous tous qui l'écoutons, car il nous donne encore du très beau piano, malgré son grand âge. Possédé par la musique, il semble coordonner le jeu collectif autant que Nagano lui-même.

Juste, expressif et brillant, le violon de James Ehnes fut tout à fait digne de l'éminent visiteur. Hélas! j'ai retrouvé Antonio Meneses tel que je l'ai toujours entendu : un violoncelliste médiocre. Ce Brésilien, troisième et dernier violoncelliste du TBA, n'a certainement pas contribué à la survie de l'ensemble, dissous il y a deux ans.

En réponse à l'ovation de l'auditoire debout, Nagano annonça que les trois solistes donnaient un «petit rappel»: le Rondo final du Trio op. 1 no 1 de Beethoven.

Venant après l'entracte, la souriante quatrième Symphonie prolongea le climat de bonne humeur. La disposition des violons de part et d'autre du podium donnait à leur dialogue un vif relief et, même si les deux trompettes reléguées au fond de la scène semblaient presque étrangères à l'événement, le résultat d'ensemble restait convaincant. Nagano a bien exploité le côté «musique de chambre» de cette partition et en a fait ressortir les contrastes; il a même laissé ses musiciens jouer avec un certain rubato.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Kent Nagano. Solistes: Menahem Pressler, pianiste, James Ehnes, violoniste, et Antonio Meneses, violoncelliste. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série Grands Concerts.

Programme consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827):

Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56 (1803-04)

Symphonie no 4, en si bémol majeur, op. 60 (1806)