Ce que le Nouvel Ensemble Moderne appelle son «grand concert annuel» était, initialement, un «hommage à Serge Garant». Bref hommage, en fait, puisque le programme annoncé comportait quatre oeuvres du Hongrois György Kurtág.

La perturbation récente du trafic aérien ayant retenu à Moscou la soliste d'une des pièces de Kurtag, le NEM remplaça celle-ci par Corrente, oeuvre du Finlandais Magnus Lindberg qu'il avait jouée en 1995. Quant à la pièce vocale de Kurtág, elle sera donnée à la rentrée, le 6 octobre.

Mais l'«hommage à Serge Garant» demeurait intact. Il consistait en l'exécution de la dernière des trois compositions auxquelles le disparu donna le titre de Circuit. Ce titre devint il y a 20 ans le nom d'une revue consacrée à la musique d'aujourd'hui, revue dont le numéro d'anniversaire était lancé avant le concert.

On aura d'ailleurs compris, dans la brève introduction de Lorraine Vaillancourt, que cet hommage s'adressait au compositeur, pédagogue et animateur mort il y a bientôt un quart de siècle, et non au principal fondateur de la SMCQ, organisme concurrent du NEM.

Le concert débute par un Stockhausen étrangement rétrograde, par moments presque tonal, et finalement superflu. Circuit III de Garant vient ensuite. La pièce de 15 minutes avait déjà reçu un hommage, et non des moindres: Pierre Boulez et son Ensemble Intercontemporain, de Paris, l'avaient présentée dans la même salle Claude-Champagne lors d'une tournée ici en 1991. La partition, qui comporte deux pianos et des sections aléatoires, n'a pas vraiment vieilli. Elle est, tout simplement (si on peut employer ici le mot «simplement»!), d'une cérébralité déroutante.

Les trois pièces de Kurtag réduisent le NEM à deux ou trois instruments (dont un piano droit joué par Mme Vaillancourt) et se déroulent dans une espèce de «pénombre sonore» qui finit par provoquer l'ennui et même davantage. Le bruyant et divertissant Lindberg nous sauve du sommeil.

NOUVEL ENSEMBLE MODERNE. Dir. Lorraine Vaillancourt. Hier soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

Programme :

Fünf Sternzeichen (1974-2004) - Karlheinz Stockhausen

Circuit III (1973) - Serge Garant

Varga Balint Ligaturaja (2007), Signes, Jeux et Messages (1999), Hommage à R. Sch. (1990) - György Kurtág

Corrente (1992) - Magnus Lindberg