En récital demain après-midi au LMMC, James Ehnes nous arrive précédé d'un enregistrement des 24 Caprices pour violon seul de Paganini. Son deuxième.

Le jeune violoniste manitobain avait gravé sa première intégrale Paganini en 1995, à 19 ans, chez Telarc, sur le Stradivarius «Windsor-Weinstein» de 1717 dont il avait alors l'usage depuis un an. Il a gravé sa seconde intégrale l'an dernier, à 33 ans, chez Onyx, sur le Stradivarius «Marsick» de 1715 qui lui a été prêté en 1999.

 

Deux versions de la même oeuvre par le même interprète, à 14 ans d'intervalle: la comparaison s'impose, bien sûr, et se fait d'une seule façon, en passant d'une à l'autre, partition en mains, sur deux lecteurs différents.

Les deux violons sont de dates très rapprochées et de sonorités également très voisines. Certains experts entendront sans doute des différences, mais celles-ci m'échappent. Dans les deux exécutions, le choix des reprises est le même. Donc, même texte, pour une durée totale de 77 minutes en 1995 et de 78 minutes en 2009. C'est-à-dire que Ehnes prend 1 minute additionnelle pour les Caprices... 14 ans plus tard.

Ce remake est d'autant plus inutile que l'interprétation elle-même était déjà pleinement fixée la première fois, et ce à tous les points de vue: attaques, justesse, articulation, vélocité, nuances, clarté de la polyphonie et des trilles. Tout était là la première fois, y compris ce caractère dramatique, rêveur ou ricaneur qui fait de ces pièces davantage que des morceaux de virtuosité. L'écoute très attentive découvre, dans le geste, dans le son, des différences tellement minimes qu'elles ne méritent même pas d'être retenues.

La cote à attribuer à un tel disque pose problème. En soi, ce disque est parfait et mérite donc nos cinq étoiles. Mais puisque le premier était déjà parfait, le nouveau devrait recevoir l'unique étoile du produit n'offrant aucun intérêt.

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JAMES EHNES, VIOLONISTE. PAGANINI.

Onyx, 4044