«Il n'y a pas grand-chose à dire sur Chloë Hanslip.»

La première des nouvelles venues du violon alignées par Pro Musica m'avait inspiré ce bref constat, que je n'ai qu'à refaire, un mois plus tard, en changeant simplement le nom.

Il n'y a pas grand-chose à dire sur Veronika Eberle.

Hanslip est une Britannique de 22 ans; Eberle, une Allemande de 21. Un même problème se retrouve chez les deux: l'absence d'engagement musical et, en fin de compte, de personnalité. La chose est assez normale chez des êtres aussi jeunes et sans expérience. En fait, les vrais coupables, ce sont les patrons de la music business, qui cherchent à nous les imposer comme des interprètes chevronnés.

Dans sa robe toute blanche, Veronika Eberle peut jouer sans erreurs sur une plus longue période de temps que Hanslip, mais ces lectures immaculées se révèlent aussi d'une extraordinaire monotonie et d'une sonorité faible et sans couleur, et ce dès le très long Schubert joué, comme le reste, avec toutes les reprises.

Le niveau du récital est celui d'une demi-finale de concours. Notre concurrente perd des points dans le Debussy: elle effleure tous les glissandos et ne joue pas les bonnes notes au début du finale. (Son quelconque pianiste se trompe lui aussi.) Puis elle gagne quelques points dans le Schumann, où son jeu semble l'écho du trouble qui habitait le compositeur à ce moment-là.

Comme si l'inspiration la touchait enfin, elle ajoute à son court programme le mouvement lent de la Sonate de Janacek, livré avec une spontanéité qui manquait jusque-là.

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VERONIKA EBERLE, violoniste, et OLIVER SCHNYDER, pianiste. Lundi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica. Programme: Sonate en la majeur, op. 162, D. 574 (Grand Duo) (1817) - Schubert; Sonate en sol mineur (1916-17) - Debussy; Sonate no 2, en ré mineur, op. 121 (1851) - Schumann