Le nouvel opéra du compositeur allemand Aribert Reimann, Médée, a reçu un accueil triomphal lors de sa première mondiale, dimanche soir, à l'Opéra de Vienne.

Médée, que le compositeur de 74 ans considère comme son «huitième opéra et demi», est une commande conjointe de l'institution viennoise et de l'Opéra de Francfort.

L'opéra est une sorte de «cadeau d'adieu» de la part du directeur du Staatsoper, Ioan Holender, qui quitte ses fonctions à la fin de cette saison après 19 ans passés à la tête de l'institution pour laisser les rênes à compter du 1er septembre au Français Dominique Meyer.

En deux heures et avec seulement six chanteurs, la partition de Médée montre le meilleur de Reimann: l'écriture orchestrale empoigne presque viscéralement, depuis le gong solo au tout début jusqu'à l'envolée solitaire de la flûte piccolo à la fin.

Son écriture pour la voix est difficile en diable et la soprano colorature allemande Marlis Petersen, âgée de 41 ans, a été la plus applaudie de la soirée grâce à l'étonnante facilité et au talent avec lesquels elle a chanté le rôle-titre.

Mais Reimann, qui a débuté sa carrière en accompagnant des chanteurs au piano et a enseigné pendant des années la composition de lieder modernes à Berlin, sait bien ce que l'on peut exiger de la voix humaine.

Parmi les cinq autres chanteurs figuraient des habitués de l'Opéra de Vienne, comme la mezzo-soprano autrichienne Elisabeth Kulman et le baryton viennois Adrian Eroed, dans les rôles de Gora, l'esclave de Médée, et de Jason, et un nouveau venu, le contre-ténor croate Max Emmanuel Cencic, qui a fait sa première apparition au Staatsoper dans le court rôle d'Herold.

La mise en scène était signée par le Suisse Marco Arturo Marelli, qui transporte l'action de la légende grecque dans un désert de pierres futuriste.

L'Allemand Michael Boder, qui a déjà dirigé nombre de pièces de Reimann, officiait dans la fosse d'orchestre.

Médée sera encore donné à quatre reprises à Vienne en mars.