Il n'y a pas grand-chose à dire sur Chloë Hanslip. Dans quelques années, peut-être, mais pas pour l'instant. C'est l'évidence même que la violoniste britannique de 22 ans se lance - ou est lancée - beaucoup trop jeune, et sans préparation suffisante, dans la grande carrière.

Au plan strictement violonistique, Miss Hanslip est plutôt solide: bonne technique, bonne sonorité, avec, en même temps, ces détestables petites imperfections qui lui feraient perdre des points dans un concours sérieux.

Par exemple, une note oubliée (tout simplement, comme ça...) dans Tzigane de Ravel, joué en rappel; ailleurs, quelques passages plus ou moins justes et quelques doubles cordes écrasées.

Attribuables au jeune âge, à la nervosité, à je ne sais quoi, ces fautes réelles ne diminuent pas vraiment les dons violonistiques de la visiteuse.

Le problème n'est pas là. Il est dans l'absence à peu près totale d'engagement musical que l'on constate chez elle. Et le pianiste tantôt indifférent, tantôt affecté, n'aide pas.

Je ne trouve rien à dire sur son Beethoven et presque rien sur le reste. Les trois Caprices de Paganini transcrits par Szymanowski étaient un choix original - partie de violon légèrement modifiée, partie de piano carrément ajoutée - et l'exécution fut correcte. Le Chausson était beaucoup trop sentimental. En passant, les mouvements indiqués dans le programme n'ont rien à voir avec la pièce. Une certaine fougue habita le finale du Brahms.

On aurait dit un début d'interprétation. Hélas! il était trop tard.

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CHLOË HANSLIP, violoniste, et ASHLEY WASS, pianiste. Lundi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica.

Programme: Sonate no 5, en fa majeur, op. 24 («Printemps») (1801) - Beethoven Trois Caprices de Paganini, op. 40 (1918) - Szymanowski Poème, op. 25 (1896) - Chausson Sonate no 3, en ré mineur, op. 108 (1888) - Brahms