Dirigés par Bernard Labadie, les Violons du Roy et la Chapelle de Québec partent en tournée en décembre avec deux oeuvres immenses: Le Messie de Handel et l'Oratorio de Noël de Bach, qu'ils présenteront à l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal les 8 et 9 décembre, avant de s'arrêter au célèbre Carnegie Hall de New York.

On ne sait plus trop pour quelle raison on doit féliciter Bernard Labadie tant les honneurs se multiplient pour lui depuis quelque temps. Les Violons du Roy, qu'il a fondés alors qu'il n'avait que 21 ans, ont fêté leur 25e anniversaire le mois dernier. Il vient tout juste de faire ses débuts au Metropolitan Opera de New York avec La Flûte enchantée de Mozart.

 

Il a reçu la semaine dernière le prix de la Fondation de l'Orchestre symphonique de Québec pour «sa contribution exceptionnelle au paysage musical de Québec». Comme chef invité, il passe plus de six mois par année à l'étranger, et ce, même s'il a choisi de se limiter volontairement au répertoire de la musique du XVIIIe siècle (et un peu du début du XIXe siècle).

Et puis, il y a cette invitation à se produire avec les Violons du Roy et la Chapelle de Québec au prestigieux Carnegie Hall. La tournée les mènera ensuite au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles.

Les Violons du Roy fréquentent depuis longtemps Le Messie de Handel, qui a contribué à leur renommée. L'ensemble de Québec l'a joué abondamment, jusqu'à six années de suite. Aussi, Bernard Labadie a senti le besoin de prendre une pause depuis 2003. Résultat: les musiciens ont retrouvé la partition avec beaucoup d'enthousiasme, dit-il. Pour sa part, il a introduit de nouveaux tempos et articulations un peu partout dans la partition.

Le Messie et l'Oratorio de Noël sont deux oeuvres costaudes et exigeantes. Les concerts avoisinent les trois heures et quart puisqu'on les présente toutes deux en entier (et avec une seule pause). On compte une trentaine de choristes, 25 musiciens pour Le Messie, et une trentaine pour l'Oratorio, en plus des solistes.

«La juxtaposition des deux oeuvres est assez fascinante, souligne Bernard Labadie. Voilà deux compositeurs nés la même année dans le même coin de pays. Deux musiciens qui ne se sont jamais rencontrés, qui ont suivi des parcours très différents et qui ont composé dans les mêmes années deux grands chefs-d'oeuvre fondamentalement différents.»

Opéra sacré et cathédrale

Handel a écrit un «opéra sacré» tandis que Bach «construit des cathédrales», illustre le chef. «Quand Handel aborde le territoire sacré avec l'oratorio, il le fait avec les mêmes moyens que le compositeur d'opéra. Il a une façon de construire des arcs de tension très clairs. Il ne nous fait jamais entendre toute la force instrumentale, orchestrale et chorale au début. Ce que Bach va toujours faire systématiquement.»

Ainsi, dès le début de l'Oratorio de Noël, c'est comme un éblouissement: trois trompettes, les timbales, les deux flûtes, les hautbois, on entend des fanfares... «Comme dans une cathédrale, il y a toujours un très grand portail à l'entrée. Et souvent un autre à l'autre extrémité de l'église, tout aussi grand.»

Une formule hybride

Comment explique-t-il son succès à l'étranger? Outre sa spécialisation en musique du XVIIIe siècle, Bernard Labadie croit que son expérience à la tête d'un orchestre utilisant des instruments modernes, mais d'une façon rappelant beaucoup le jeu sur instruments d'époque, fait de lui un candidat approprié pour plusieurs orchestres symphoniques qui veulent se réapproprier le répertoire de cette période.

Les Violons du Roy ont une formule hybride: des instruments modernes, dont la puissance est un atout dans les grandes salles nord-américaines, mais des archets baroques, plus courts, convexes plutôt que concaves, qui permettent une interprétation beaucoup plus proche de celle souhaitée par les compositeurs.

À l'écoute, on remarque un son plus clair, beaucoup moins de vibrato chez les cordes, des articulations plus variées et un tempo plus rapide que ce qu'on pratiquait il y a 30 ou 40 ans. «On a essayé d'évacuer une certaine tradition romantique de legato et de son soutenu qui est tout à fait de mise chez Richard Strauss, mais qui ne l'est pas nécessairement dans la musique de Bach, de Mozart ou de Haydn», explique M. Labadie.

« Cela change complètement le visage de cette musique. Elle parle de façon beaucoup plus détaillée, beaucoup plus vivante quand elle est approchée comme ça.»

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Le Messie de Handel, mardi 8 décembre, 19h30, à l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Solistes: la soprano Rosemary Joshua, le haute-contre David Daniels, le ténor Jan Kobow et le baryton-basse Andrew Foster-Williams.

Oratorio de Noël de Bach, mercredi 9 décembre. Les solistes sont les mêmes, à l'exception du baryton, Joshua Hopkins.