Les six Concertos brandebourgeois de Bach sont rarement donnés ici en intégrale. Ce qui explique l'auditoire nombreux (500 personnes) qui emplissait jeudi soir l'église Saint-Irénée où ils étaient joués par l'Orchestre de chambre McGill dans le cadre du Festival Bach.

Située au bas de la rue Atwater, cette vaste et belle église québécoise d'une certaine époque sert très rarement au concert. L'acoustique n'y est pas parfaite mais reste très acceptable.

Bach destina ses Brandebourgeois à une formation d'environ 20 musiciens. Boris Brott avait porté le nombre à 26, tout en respectant le caractère de musique de chambre de ces six concertos ayant chacun une instrumentation différente.

La présentation n'avait aucune prétention musicologique. Les instruments étaient modernes, sauf dans certains cas comme le clavecin, au cinquième concerto. On a déjà joué (et même enregistré) ce concerto avec un piano, mais cette fois on n'est pas allé jusque-là. Le contexte choisi autorisait cependant certains compromis: des cors modernes recherchaient des effets propres aux «corni di caccia» dans le premier concerto, deux altos, trois violoncelles et une contrebasse jouaient ce qui s'adresse respectivement aux «viole da braccio», aux «viole da gamba» et au «violone» dans le sixième concerto (où les violons sont absents), et on avait traduit correctement les termes «due flauti d'echo», dans le quatrième concerto, et «flauto traverso», dans le cinquième, en faisant appel, respectivement, à deux flûtes à bec et une flûte traversière.

Ce contexte justifiait l'approche plutôt romantique de M. Brott. Ses ritardandos, respirations et dynamiques auraient scandalisé les puristes. Je les ai trouvés plutôt rafraîchissants. Certains tempi étaient cependant trop rapides. La masse des cordes sonnait bien, en général, mais la justesse et la coordination n'y étaient pas toujours et le début du sixième concerto fut joué très faux.

Chez les solistes, mentionnons les brillantes prestations du violoniste Thomas Gould et du trompettiste Stéphane Beaulac et l'exactitude de Matthias Maute et Sophie Larivière aux flûtes.

Avant le concert, le nouveau directeur général de l'orchestre, André Théberge, a lu ce chef-d'oeuvre de flagornerie qu'est la dédicace des concertos rédigée par Bach en français.

ORCHESTRE DE CHAMBRE McGILL. Chef d'orchestre: Boris Brott. Jeudi soir, église Saint-Irénée. Dans le cadre du Festival Bach. Programme: Concertos brandebourgeois nos 1 à 6, BWV 1046 à 1051 (1721) - J. S. Bach