Vincent d'Indy - dont le nom a été donné à l'une de nos institutions d'enseignement musical - fut l'un des compositeurs importants de son époque. Né en 1851, mort en 1931, il étudia avec Franck puis enseigna à Roussel et à Honegger. Ses biographes le décrivent comme un homme d'extrême droite: très catholique, très discipliné, voire militariste. Autant de traits qui ont inévitablement marqué sa musique.

D'Indy est peu joué de nos jours, alors que les trois autres, Franck surtout, font partie du répertoire. Le disque, encore une fois, vient réparer ce que bien des commentateurs appellent, non sans raison, une injustice.

 

La seule oeuvre de d'Indy à être jouée et enregistrée avec une certaine fréquence est la Symphonie sur un chant montagnard français, pour piano et orchestre (également appelée Symphonie cévenole). Quelques autres titres ont figuré aux catalogues, dirigés par Monteux, Dervaux, Plasson et Prêtre, mais aucune intégrale orchestrale d'Indy n'existait. Cette intégrale vient d'être entreprise et, chose étonnante, non pas par un orchestre et une marque de France mais par l'Orchestre symphonique d'Islande et la maison britannique Chandos.

Les deux premiers disques viennent de paraître, groupant, à raison de trois par disque, six oeuvres écrites sur une période de 30 ans, de 1878 à 1907, et toutes dirigées par Rumon Gamba, titulaire de cet orchestre depuis 2002.

Stylistiquement bien françaises mais marquées d'une forte influence allemande, wagnérienne surtout, les oeuvres ne sont pas jouées ici par ordre chronologique.

Le premier disque contient Jour d'été à la montagne, op. 61, délicieux triptyque de 30 minutes où les changements de couleur et de tempo décrivent trois «moments» d'une journée de plein air; La Forêt enchantée, op. 8, sauvage chevauchée inspirée d'une vieille légende germanique, avec 12 changements de tempo en 13 minutes; et Souvenirs, op. 62, oeuvre plus personnelle mais moins intéressante et trop longue, inspirée au compositeur par la mort de sa femme.

Le deuxième disque s'ouvre sur la deuxième Symphonie, en si bémol majeur, op. 57, immense et originale construction cyclique en quatre mouvements, avec son impressionnant déploiement orchestral et ses échos de Franck, et totalisant 44 minutes. On entend ensuite Tableaux de voyage, op. 36, orchestration aux couleurs wagnériennes que le compositeur réalisa de six pièces d'abord écrites pour piano, et Karadec, op. 34, modeste musique de scène à caractère folklorique.

Des six oeuvres, quatre au moins sont dignes d'intérêt. Toutes cependant bénéficient des mêmes qualités d'exécution et d'enregistrement. Précédemment entre les mains de Vladimir Ashkenazy, l'orchestre islandais est une formation de toute première grandeur, son chef actuel est un interprète pleinement engagé et la prise de son est très vivante.

VINCENT D'INDY

ORCHESTRE SYMPHONIQUE D'ISLANDE. DIR.

RUMON GAMBA.

CHANDOS

CHAN 10464

 

CHANDOS

CHAN 10514