L'Octuor à cordes de l'Academy of St.Martin in the Fields, communément appelé Academy Chamber Ensemble, ouvrait la saison de Pro Musica lundi soir avec un programme dont le moins qu'on puisse dire est qu'il sortait des sentiers battus.

On peut avoir entendu une fois, à l'occasion, le Sextuor qui sert d'ouverture à Capriccio, le dernier opéra de Strauss, mais il n'est pas sûr que l'on connaisse l'Octuor d'Enesco, encore moins celui de Joachim Raff. Il n'est d'ailleurs pas écrit que l'on sache même qui est Joachim Raff.

 

L'ouverture de Capriccio est, comme l'opéra, une page de grand raffinement qui, lundi soir, n'a reçu qu'une vague mise en place et méritait mieux. À oublier.

L'Octuor de Raff, proche de Mendelssohn et donc plutôt superficiel, est une curiosité de 23 minutes sans réel intérêt et la lecture routinière que la chose a reçue ne donnait pas le goût d'y revenir.

En revanche, l'Octuor d'Enesco (en do majeur, comme l'autre) est un chef-d'oeuvre sur lequel les musiciens - sept hommes et une femme - avaient, de toute évidence, centré toute leur attention.

En quatre mouvements enchaînés et totalisant 38 minutes, cet opus de jeunesse est le produit d'un esprit très organisé et d'un savant de l'écriture musicale qui rejette la mélodie facile et favorise plutôt la réflexion à travers une fresque contrapuntique d'une prodigieuse richesse.

Les Academyciens ont traversé la complexe partition avec une application et un engagement qui valaient la soirée entière. Très applaudis par l'auditoire peu nombreux, ils ont ajouté Dernier printemps, l'une des deux Mélodies élégiaques de Grieg.

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ACADEMY CHAMBER ENSEMBLE. Lundi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica. Programme: Sextuor de l'opéra Capriccio (1942) - Strauss; Octuor pour cordes en do majeur, op. 176 (1872) - Raff; Octuor pour cordes en do majeur, op. 7 (1900) - Enesco.