Écouter une voix immense est toujours un plaisir et Martine LaChance nous a donné ce plaisir hier après-midi au Bon-Pasteur. Hélas! le plaisir s'accompagnait d'un problème: le modeste lieu de 150 sièges ne suffisait pas à contenir le volume sonore absolument ahurissant, voire assourdissant, produit par la corpulente chanteuse de Québec qui pourrait sans doute remplir le Centre Bell sans micro. Bref, cette terrifiante puissance vocale, qui semble une fin en soi, éclabousse tous les éléments qui pourraient constituer une authentique expérience musicale.

Martine LaChance, qui s'engage dans la carrière à près de 40 ans, est incontestablement un soprano dramatique de type italien, c'est-à-dire cette voix héroïque et charnue que réclament les Aida et Turandot. Le timbre est jeune et riche, sans aucune espèce d'usure, le médium est velouté et le grave, pénétrant comme chez un mezzo. Et pourtant, que de travail il reste à faire!

 

Mme LaChance ne peut absolument pas songer à une carrière dans l'état actuel des choses. Cela crève les yeux - et surtout les oreilles! - qu'elle a grand besoin d'un guide. Le programme en nommait quelques-uns. Je me demande à quoi ils ont servi. La chanteuse donne toujours beaucoup trop de voix, son aigu est plafonné et d'une justesse généralement approximative, ses notes très hautes et très fortes se ramènent le plus souvent à des cris épouvantables, un demi-ton à côté, son phrasé manque de finesse et de musicalité, elle ne sait pas mettre en valeur les passages les plus importants du texte, et quoi encore.

Une centaine de personnes étaient venues l'écouter. Manifestement nerveuse, elle est sortie de scène plusieurs fois entre deux airs. Du programme entier, aucun titre ne mérite de mention particulière. Elle a accordé deux rappels - en fait, elle les a presque imposés.

L'élégante pianiste Rachel Martel fut excellente comme accompagnatrice. Mais c'était une erreur de lui confier des solos.

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MARTINE LACHANCE, soprano. Au piano: Rachel Martel. Hier après-midi, Chapelle historique du Bon-Pasteur. Présentation: Révélation-Pianos André Bolduc.