Le Requiem de Berlioz exige des ajustements peu ordinaires de la part d'un orchestre. Afin d'honorer la vision du compositeur français au concert d'ouverture de ce soir, l'OSM a revu la disposition de ses artistes.

Pour symboliser les points cardinaux, quatre ensembles de cuivres seront installés sur le parterre et dans les corbeilles. Une rangée de percussionnistes et de timbaliers séparera la section des cordes de celle des vents. Un choeur de 145 personnes chantera du fond de la scène.

Mais le défi pour le maestro Kent Nagano n'est pas de composer avec cette disposition peu orthodoxe. Il lui faut surtout éviter que le public reçoive une «bombe musicale» de 90 minutes.

«D'un point de vue technique, ce n'est plus un défi pour l'orchestre d'interpréter cette pièce, explique Nagano. Le danger avec un si gros ensemble, c'est de produire une soirée bruyante.»

«En étudiant la partition et les écrits de Berlioz, poursuit-il, on découvre que, en fait, la majeure partie du Requiem doit être jouée de façon très intime et très personnelle. Cela demande une discipline exceptionnelle de la part des musiciens et du maestro pour empêcher que la pièce ne s'échappe d'elle-même.»

Pour monter la Grande messe des morts, l'OSM a engagé 15 musiciens surnuméraires, pour un total de 107 instrumentistes. Au départ, la partition de Berlioz prévoyait toutefois un ensemble de 800 musiciens et choristes.

«La partition originale demande environ 150 musiciens, dit le directeur du personnel musicien de l'OSM, Michael Carpenter. Mais il n'y a pas un orchestre dans le monde qui peut se le permettre! Ça coûterait beaucoup trop cher.»

Kent Nagano est décrit par ses collègues comme un perfectionniste. Lors d'une répétition samedi, le maestro s'est attardé à la prononciation de voyelles par les choristes et a insisté plusieurs fois pour que le choeur chante pianissimo (très doux) au lieu de piano (doux).

«Si l'on poursuit les répétitions dans cette veine, avec un tel souci du détail, je pense que le public sortira de la salle avec un grand sentiment d'admiration pour cette oeuvre», explique le premier violon solo de l'OSM, Richard Roberts, lors d'une pause. «J'ai joué cette pièce pour la première fois à l'âge d'environ 22 ans. Elle n'est pas flamboyante comme le Requiem de Verdi ou initialement attirante comme celui de Mozart, mais je dirais que mon appréciation pour cette pièce a grandi avec le temps. C'est comme un goût acquis.»