Dimanche après-midi au Festival de Knowlton, nous avons (moi et plusieurs autres) attendu une demi-heure les autobus jaunes qui devaient, toutes les cinq minutes (avait promis la direction), transporter les spectateurs depuis le champ de foin servant de stationnement d'autos vers les hauteurs où s'élève le nouveau chapiteau de 850 places.

Le retour fut plus facile car dès la dernière minute de musique, nous nous sommes précipités vers le premier autobus à portée de la vue, ayant été prévenus que, lors d'un concert précédent, des malheureux avaient patienté une heure et demie avant de pouvoir redescendre.

 

Durée totale de l'expédition Montréal-Knowlton-Montréal: sept heures... pour un concert qui, entracte compris, fit deux heures et demie. Sans parler du prix des billets: le mien était marqué 136,02 $, j'étais écrasé entre une dame et un mur, et je ne voyais pas les chanteurs. J'ai pu m'asseoir ailleurs car la salle n'était pas remplie.

L'exercice valait-il toute cette peine? Si on aime le tourisme, sans doute: le paysage, le lac Brome, les domaines des millionnaires du coin, tout cela est à voir. Et la musique? Sept heures, plus 136,02 $. c'est beaucoup pour ce qu'on a entendu.

Centré sur le bel canto à sa création l'an dernier, le Festival de Knowlton revenait à ses origines avec La Sonnambula, opéra de Bellini dans une version concert assortie de quelques éléments visuels.

L'intrigue, en quelques mots: les petites crises de somnambulisme de la jeune orpheline Amina viennent bien près de compromettre son imminent mariage lorsqu'elle pénètre inconsciemment dans la chambre d'un inconnu et y est surprise par son fiancé Elvino.

La Sonnambula n'est pas du meilleur Bellini et le texte (reproduit en surtitres bilingues) est bien enfantin. Mais l'oeuvre mérite une audition et celle-ci fut très acceptable.

En Amina, la soprano coréenne Sumi Jo possède encore, à 46 ans, une impressionnante technique belcantiste: notes piquées au suraigu presque toujours justes, parfaite aisance dans les fioritures. Elle nous a même fait deux fois son numéro de somnambule. Mais la voix est petite et le timbre est nasillard.

La soprano russe Ekaterina Lekhina projette une voix beaucoup plus riche et tout aussi virtuose, et elle joue avec conviction. On s'étonne cependant de voir deux jeunes et belles femmes s'arracher cet Elvino presque chauve qui pourrait être leur père. Le ténor britannique Barry Banks chante à pleine voix et avec passion, mais il n'a pas précisément l'allure d'un jeune premier...

Voix chaude, phrasé naturel et présence chez la basse Riccardo Zanellato, belle voix et jeu intelligent chez Susan Platts. Kent Nagano, l'Orchestre du Festival (un pick-up, comme à Lanaudière) et le Choeur de l'OSM ont bien secondé les chanteurs. Curieux quand même: cet orchestre d'un soir joue à Knowlton avec le Choeur de l'OSM et, il y a quelques jours, l'OSM jouait à Lanaudière avec un autre choeur.

Quant au nouveau chapiteau, il s'agit d'une gigantesque structure carrée qui a l'avantage d'être transparente: on voit les arbres à travers les vastes toiles servant de murs.

_________________________________________________________________________________________________

La Sonnambula, opéra en deux actes, livret de Felice Romani, musique de Vincenzo Bellini (1831). Festival de Knowlton. Reprise le 15 août, 20 h.