L'Orchestre Symphonique de Montréal s'est retrouvé samedi soir devant l'une des assistances les plus faibles de l'été à l'Amphithéâtre du Festival de Lanaudière: 1500 personnes. Ce premier des deux concerts qu'y donne l'OSM en cette 32e saison offrait pourtant un programme attrayant et l'occasion de découvrir un nouveau chef, Julian Kuerti, 33 ans, fils du pianiste bien connu et assistant de James Levine au Boston Symphony.

Le froid est sans doute en cause. Dans ce cas-ci, il faut compter non seulement le froid atmosphérique persistant, mais aussi cette espèce de malaise créé par la décision de l'OSM d'installer ses quartiers d'été ailleurs qu'à Lanaudière. On aurait dit que le public du Festival commençait à bouder l'OSM. Toutes sortes de rumeurs circulent depuis un certain temps. Il serait infiniment regrettable que l'OSM quitte définitivement l'Amphithéâtre pour aller se nicher sous le chapiteau de Knowlton.

L'Amphithéâtre semble avoir été conçu pour lui. Il y sonne mieux qu'à Wilfrid-Pelletier (et certainement mieux que sous une tente géante!) et même si le concert de samedi ne fut pas le meilleur de son existence, la masse sonore qu'il produisait restait des plus impressionnantes. Et malgré toute l'admiration qu'inspire le travail de l'Orchestre Métropolitain, il faut bien reconnaître que l'OSM sonne mieux!

Julian Kuerti avait consacré la première moitié du programme aux compositeurs de cinéma. Une suite de 10 minutes tirée de la musique du film Vertigo, de Hitchcock, confirme le talent de Bernard Herrmann comme orchestrateur et créateur d'atmosphère. Kuerti fils a dirigé cela comme de la grande musique de concert.

Erich Wolfgang Korngold fut aussi un important compositeur de musique de film et son séduisant Concerto pour violon puise abondamment dans les partitions qu'il écrivit pour le grand écran. Le jeune Corey Cerovsek le joua avec toute la virtuosité requise et même une recherche d'intériorité dans l'Andante central. L'ensemble manquait cependant de force et de personnalité et souvent le son du violon disparaissait sous la masse orchestrale.

Jouée avec la reprise au premier mouvement, la Symphonie inachevée de Schubert allait être le meilleur moment du concert. Le chef y créa un véritable suspense tout en prenant le deuxième (et dernier) mouvement «con moto», tel qu'indiqué, c'est-à-dire allant. Till Eulenspiegel de Strauss aurait dû conclure le concert en trombe. Le chef s'y contenta d'une direction routinière et l'orchestre y commit un nombre appréciable d'erreurs.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Julian Kuerti. Soliste: Corey Cerovsek, violoniste. Samedi soir, Amphithéâtre de Joliette. Dans le cadre du 32e Festival de Lanaudière.

Programme:

- Suite de Vertigo (1958)

- Herrmann Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 35 (1945-47)

- Korngold Symphonie no 8, en si mineur, D. 759 (Inachevée) (1822)

- Schubert Till Eulenspiegel, poème symphonique, op. 28 (1894-95)

- Strauss