Geneviève Després dit aimer la musique de Puccini plus que tout autre. Hélas! ajoute-t-elle, Puccini n'a presque rien écrit pour elle - c'est-à-dire pour la voix de mezzo. Suzuki dans Madama Butterfly, la Zia Principessa dans Suor Angelica, et c'est à peu près tout. Elle a donc décidé de se tourner vers le répertoire de soprano.

Pour son "baptême" à ce titre, vendredi soir à McGill, elle s'était entourée de quatre collègues - dont le baryton Étienne Dupuis est le seul connu - et du pianiste Martin Dubé. Intitulée C'est la faute à Puccini!, la petite séance de pages de Puccini, bien sûr, Verdi, Rossini, Mozart, Bizet et autres, avait attiré quelque 200 personnes, parmi lesquelles bien des parents et amis des chanteurs.

Mme Després présenta chacun des participants qui, réunis en début et en fin de programme, se produisirent également seuls ou en duo. L'atmosphère était celle d'une soirée entre amis. J'aime la bonne humeur et la générosité de Mme Després, un peu moins sa "démystification" de l'opéra. Après l'air Pleurez mes yeux du Cid de Massenet, elle lance: "C'est assez, le braillage!"

Le programme remis à la porte me cite comme l'ayant déjà comparée, dans Mahler, aux contraltos Kathleen Ferrier et Maureen Forrester. Je n'ai pas les dates et les oeuvres en mains, mais je me rappelle effectivement avoir été très impressionné par sa voix et son expression profondes dans cette musique.

Vendredi soir, c'est encore dans le grave, dans le médium aussi, qu'elle a paru le plus à l'aise. L'aigu était tour à tour forcé, atteint de justesse ou carrément crié. L'émotion et le sens du théâtre sont toujours là, mais une certaine dureté dans la voix et quelques passages un peu faux sont manifestement attribuables à la période d'adaptation que traverse la jeune chanteuse.

Étienne Dupuis a projeté une voix nettement trop puissante pour les dimensions de la salle. L'autre baryton, Manuel Blais, est un amateur de talent. Karin Côté pousse une jolie voix de soprano et le petit Éric Gauvin est un agréable ténorino d'opérette. Martin Dubé a accompagné tout ce monde avec efficacité.

Une ovation finale à tout casser provoqua un rappel: "Heure exquise", de La Veuve joyeuse de Lehar.

C'est la faute à Puccini! Concert d'airs d'opéras. Vendredi soir, Tanna-Schulich Hall de l'Université McGill.