Cruelle coïncidence qui, en quelques heures, plaçait nos deux principaux orchestres devant la rare septième Symphonie de Dvorak. Yoav Talmi la dirigeait à l'OSM dimanche après-midi, salle Wilfrid-Pelletier; lundi soir, on la retrouvait avec l'OM et Yannick Nézet-Séguin, salle Maisonneuve.

Même durée pour les deux exécutions: 40 minutes très exactement. Mais c'est bien tout ce qu'elles avaient en commun. Dans le premier cas: un OSM de 85 musiciens dont l'ample sonorité remplit confortablement une salle de 3000 places à l'acoustique parfaitement satisfaisante, quoi qu'on dise. Dans le second cas: un OM de 60 musiciens, aux cuivres trop forts pour le reste, dans une salle qui fait la moitié de l'autre en quantité de sièges et, il faut bien le dire, en qualité acoustique.

Maisonneuve convient au récital et au quatuor. Ce n'est pas le cas de Wilfrid-Pelletier, davantage fait pour l'orchestre. L'OM y joue parfois et y sonne mieux qu'à Maisonneuve. Et malgré des effectifs moindres qu'à l'OSM, je suis sûr que son Dvorak aurait été meilleur dans la salle plus grande.

Au départ, cette symphonie est moins attachante que les deux suivantes (la huitième et la Nouveau Monde). Talmi y avait consacré assez de soin pour la diriger par coeur et en tirer le maximum. Nézet-Séguin n'avait manifestement pas eu ce temps et se contenta d'une lecture d'ailleurs imparfaite.

On ne peut pas gagner tous les soirs! En fait, le concert entier souffrit d'un manque évident de préparation. Le même jour, l'OM lançait sa prochaine saison au milieu de toutes sortes d'activités publiques qui nuisirent à sa concentration. Après les miaulements des violons dans le Haydn d'entrée - la fameuse Surprise -, le troisième Concerto de Bartok passa presque inaperçu: des notes seulement du côté du piano, aucune atmosphère à l'orchestre.

Finalement, le meilleur moment de la longue soirée fut la pièce d'Éric Champagne, c'est-à-dire 11 minutes de séquences mélodieuses et de fortes dissonances.

Seul autre bon point: Nézet-Séguin donnait le concert à la mémoire du père Fernand Lindsay.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Soliste: Hong Xu, pianiste. Lundi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Reprises: ce soir, 19h30, église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (Verdun) et jeudi, 19h30, théâtre Outremont.