Le chef d'orchestre israélien Daniel Barenboïm donnera à l'opéra du Caire un concert exceptionnel le 16 avril, deux mois après l'annulation de sa venue en raison de la guerre de Gaza.

Le concert de ce célèbre musicien, engagé pour la paix au Moyen-Orient, a été organisé par l'Autriche, avec l'appui de l'Espagne, a annoncé lundi l'ambassade d'Autriche au Caire.

«Notre souhait est qu'un vaste public égyptien vienne entendre cet homme épris de paix» a indiqué à l'AFP le conseiller culturel de l'ambassade, Clemens Mantl. «Nous négocions depuis longtemps, ce n'est qu'une première étape.»

Une polémique a immédiatement éclaté en Égypte, un critique musical connu, Amjad Moustapha, prétendant qu'il s'agissait «d'une normalisation sournoise» avec Israël, ce qu'a récusé le ministre de la culture, Farouk Hosni.

«Ce maestro a attaqué la politique israélienne, et une demande a même été formulée de lui retirer sa nationalité», a indiqué à l'AFP M. Hosni, se disant lui-même opposé à la normalisation culturelle dans les circonstances présentes.

Daniel Barenboïm interprétera au piano des oeuvres de Franz Liszt, avant de conduire l'Orchestre symphonique du Caire sur la Cinquième Symphonie de Beethoven.

Initié par l'ex-chef de la diplomatie autrichienne, Ursula Plassnik, le concert se tiendra sous les auspices de son successeur, Michael Spindelegger, et du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos.

Il a fondé en 1999 avec l'intellectuel palestinien Edward Saïd, décédé en 2003, un orchestre israélo-arabe de jeunes, le West-Eastern Divan Orchestra.

Cet orchestre avait prévu de se produire en janvier au Caire ainsi qu'au Qatar, mais avait dû y renoncer en raison de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.

«Le projet existe toujours de le faire venir au Caire, c'est notre grand objectif», a souligné M. Mantl.

Daniel Barenboïm ainsi qu'une centaine d'intellectuels et d'artistes, dont des prix Nobel, avaient lancé en février une nouvelle initiative de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Né à Buenos Aires en 1942, Barenboïm, qui a dirigé de grands orchestres à travers le monde, possède les nationalités argentine, israélienne et espagnole, et a été fait citoyen palestinien en 2008.