En post-scriptum au récent Automne Messiaen qu'elle avait monté en collaboration avec plusieurs organismes musicaux, la pianiste Louise Bessette s'adjoignait le Quatuor Molinari et le musicologue Jean Boivin vendredi soir, au Bon-Pasteur, pour un concert-conférence centré sur quelques élèves du célèbre musicien, qui fut aussi professeur d'harmonie et de composition au Conservatoire de Paris.

Trois noms entouraient celui de Messiaen sur le programme: ceux du Montréalais Gilles Tremblay, d'ailleurs présent dans l'auditoire, du Bulgare André Boucourechliev et du Gréco-Roumain Iannis Xenakis, tous deux décédés.

 

Le Molinari était de nouveau privé de sa fondatrice et premier-violon. Olga Ranzenhofer assistait au concert mais ne peut, pour l'instant, participer aux activités du groupe en raison de la grave maladie de son fils. Une fois de plus, le deuxième-violon Frédéric Bednarz occupait son poste et Annie Guénette occupait celui de M. Bednarz.

Des quatre oeuvres au programme, trois étaient des premières au Molinari. Seul avait déjà été joué Croissant, de Tremblay. Mais on pourrait parler ici encore d'une première puisque l'exécution précédente, en 2004, avait été donnée par un Molinari à la composition entièrement différente de ce qu'elle était vendredi soir.

Le Tremblay avait été créé à Toronto en 2001 par le Quatuor Penderecki, qui l'avait repris à Montréal l'année suivante et l'avait fait en 17 minutes. L'exécution par le Molinari de 2004 en faisait 20 et celle de vendredi en faisait 22. Peut-être la prochaine lecture atteindra-t-elle la demi-heure.

Il existe une similitude entre cette pièce de Tremblay et celle de Boucourechliev, qui faisait 25 minutes. Les deux jouent sur une infinie variété de couleurs sonores, rendues avec une totale conviction par les quatre cordistes, et elles comportent des duos qui, pendant plusieurs minutes, donnent la vedette à la moitié du groupe et immobilisent l'autre moitié. Dans le très dissonant Boucourechliev (joué en premier), ce sont deux duos pour alto et violoncelle, l'un très fin et menant à l'inaudible, l'autre très violent. Dans le Tremblay, c'est un duo pour les violons. Par ailleurs, le premier-violon s'y voit confier de longs passages à l'aigu, que M. Bednarz a joués avec le maximum de justesse et de pénétration.

Les deux pièces avec piano trouvèrent Louise Bessette dans sa belle forme habituelle. Celle de Messiaen ne dure que trois minutes. Tour à tour impétueuse et lyrique, celle de Xenakis oppose des arpèges et ostinatos du piano à de grands accords des cordes.

Le musicologue Jean Boivin, auteur d'un ouvrage primé sur Messiaen (qu'il a d'ailleurs consulté), a fait entre les pièces trois interventions fort intéressantes.

QUATUOR À CORDES MOLINARI - Frédéric Bednarz et Annie Guénette (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle) -, LOUISE BESSETTE, pianiste, et JEAN BOIVIN, conférencier. Vendredi soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur.

Programme: Miroir 2, op. 29 (1989) - Boucourechliev Pièce pour piano et quatuor à cordes (1991) - Messiaen Croissant (2001) - Tremblay Akea, pour piano et quatuor à cordes (1986) - Xenakis