Écho du 31e Festival de Lanaudière - qui aura été le dernier du fondateur, le père Fernand Lindsay, décédé mardi -, le plus récent disque du pianiste Alain Lefèvre, «ambassadeur artistique» du Festival, le trouve d'égal à égal avec son jeune frère David, violoniste.

Le programme qui avait ouvert le volet des concerts dans les églises, le 7 juillet à Berthierville, devant 700 personnes, fut enregistré une semaine plus tard au nouveau Studio MMR de McGill. Deux oeuvres le dominent : la célèbre Sonate en la majeur de César Franck et l'obscure Sonate en sol majeur de Guillaume Lekeu, compatriote et disciple de celui que Debussy appelait «le vieil ange belge».

 

Le Franck avait reçu au concert une lecture plutôt routinière de la part du violoniste. Le résultat au disque est bien supérieur. La sonorité et l'articulation, déjà excellentes, s'augmentent cette fois d'une concentration totale qui redonne au dialogue violon-piano tout son caractère tourmenté.

Créée par Eugène Ysaye en 1886, à Bruxelles, la Sonate de Franck est le produit structuré et réfléchi d'un compositeur de 64 ans que les frères Lefèvre livrent avec force et noblesse. Également créée

à Bruxelles par Ysaye, en 1893, la Sonate de Lekeu est l'oeuvre d'un musicien de 23 ans frappé par la maladie et n'ayant plus qu'un an à vivre. Sans avoir l'envergure de la Sonate de Franck, elle s'écoute bien, grâce en partie à la pleine sonorité du violon et à la riche présence du piano conjuguées ici.

L'engagement d'Alain Lefèvre dans la réhabilitation d'André Mathieu nous vaut, comme complément de disque, et comme au concert, la brève Ballade-Fantaisie de 1942. Page naïve et charmante qui complète bien le programme.

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DAVID LEFÈVRE, VIOLONISTE, ET ALAIN LEFÈVRE, PIANISTE : FRANCK, LEKEU, MATHIEU

Analekta, AN 2 9282

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