La première journée de l'intégrale des 68 Quatuors à cordes de Haydn, jeudi, a attiré un millier de personnes, en après-midi au Musée des beaux-arts et en soirée au Pollack Hall de McGill.

Marquant le bicentenaire de la mort du véritable créateur du quatuor à cordes, l'intégrale réunit 33 ensembles d'ici et d'ailleurs, formés d'étudiants ou de professionnels, et se poursuit aujourd'hui et demain selon la même formule: Musée en après-midi, Pollack en soirée.

 

La longue soirée de jeudi était partagée entre le Quatuor SuperNova, de Montréal, et le Quatuor Festetics, de Hongrie. Chacun jouait quatre quatuors, ce total de huit quatuors s'échelonnant sur près de 40 ans (1762-1799). L'omission systématique des reprises, sauf dans les menuets et les scherzos, est, de toute évidence, une décision prise en commun pour des raisons de minutage.

Les deux violonistes du SuperNova, Jonathan Crow et Mark Fewer, alternent au premier-violon. Douglas McNabney est à l'alto et Denise Djokic, au violoncelle. Bien qu'il soit de formation assez récente et se produise irrégulièrement, le SuperNova a joué comme un ensemble de très haut niveau. À signaler en premier lieu: l'absolue justesse des deux violonistes, qui, sur ce point, pourraient en remontrer à bien des quatuors plus célèbres.

Le SuperNova a souligné chacun des traits d'originalité que Haydn a multipliés ici: les amusants pizzicatos des deux violons répondant à l'alto et au violoncelle dans le trio du premier menuet de l'op. 1 no 1, la fugue à quatre sujets qui termine l'op. 20 no 2, la conclusion énigmatique (adagio et mesures de silence) interrompant le presto final de l'op. 33 no 2, le finale casse-cou de l'op. 77 no 1 où l'on ne perdait pas une note. Les étranges portamentos entendus dans le trio du scherzo de l'op. 33 no 2 ne figurent pas dans l'édition Dover, mais M. McNabney assure qu'ils sont de Haydn.

Après la sonorité tour à tour chaleureuse et brillante du SuperNova, le Festetics nous plonge en pleine grisaille. Les cordes de boyau et le diapason abaissé éteignent la sonorité des Hongrois, qui raccordent sans cesse leurs instruments et réussissent quand même à jouer faux. Je pars après avoir écouté trois quatuors. La vie est trop courte pour s'ennuyer de la sorte.

Intégrale Haydn, Quatuor SuperNova et Quatuor Festetics. Jeudi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.