J'avais eu peur en voyant le Requiem de Verdi programmé comme événement final du 31e Festival de Lanaudière, l'été dernier. «C'est le Requiem du Père», avais-je murmuré à quelques intimes. Hélas! j'avais vu juste.

Peu importe que l'oeuvre n'ait pas reçu, sous la baguette de Kent Nagano, une interprétation mémorable. C'est le côté prémonitoire du choix qui nous hantera toujours.

Tous étaient sensibles aux problèmes de santé du père Fernand Lindsay, le fondateur et directeur artistique du Festival, décédé mardi soir à 80 ans et quelques mois. En même temps, tous s'émerveillaient, après chaque séjour à l'hôpital, de le retrouver aussi lucide, se souvenant de tout, et aussi accueillant, avec un mot aimable pour chacun, entouré, tel un chef de famille, chaque soir de concert, soit à l'Amphithéâtre - ce fruit de sa détermination, qui aurait dû porter son nom - , soit dans les vieilles églises de la région où s'étendait son Festival.

Quand même, depuis quelques années, on sentait un malaise. Cette large silhouette, les deux mains croisées devant, ce sourire toujours présent, cette voix de baryton qui roulait les «r» graves: tout cela fait maintenant partie de nos souvenirs.

Les choses ne seront plus jamais les mêmes au Festival. Il sera là chaque soir, mais on le cherchera en vain parmi la foule. Avec la disparition du père Lindsay, le Festival a perdu son âme.

L'équipe qui lui survit a une énorme tâche devant elle. On lui souhaite toute la chance du monde. On peut aussi se demander si le Festival survivra au départ de son créateur.