Le Quatuor à cordes Belcea avait été annoncé au LMMC il y a quelques années. Des obligations familiales ayant alors empêché l'un des membres de faire le voyage, les débuts ici du groupe britannique n'eurent lieu que dimanche.

Le concert, qui avait attiré une très bonne salle à Pollack, ne fit que confirmer ce qu'on savait déjà par le disque: le Belcea est, à tous les égards, un ensemble de toute première force et s'ajoute à une liste déjà imposante de jeunes quatuors qui nous font assister à un nouvel âge d'or de la musique de chambre. À signaler tout particulièrement: la justesse absolue des quatre instruments et leur parfaite synchronisation, jusque dans les passages d'une extrême rapidité.

 

La première moitié du programme offre un intéressant rapprochement: Haydn et Britten. Bien que 150 ans les séparent, les deux oeuvres ont en commun une même complexité d'écriture que le jeu individuel et collectif du Belcea met en relief. Toujours bien caractérisées, les quatre voix clarifient le contrepoint chez Haydn et servent la tension dramatique chez Britten.

L'après-entracte est occupé par les 30 minutes du grand 14e Quatuor de Schubert au mouvement lent basé sur le lied Der Tod und das Mädchen («La Mort et la Jeune fille»). L'oeuvre entière est empreinte d'une gravité que le Belcea traduit avec une concentration qui rejoint chaque auditeur. Impossible d'écouter quoi que ce soit après une telle expérience. Le Belcea l'a compris: il salue plusieurs fois mais n'ajoute pas de rappel.

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QUATUOR À CORDES BELCEA - Corina Belcea-Fisher et Laura Samuel (violons), Krzysztof Chorzelski (alto) et Antoine Lederlin (violoncelle). Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation: Ladies' Morning Musical Club. Programme: Quatuor no 41, en ré majeur, op. 50 no 6, Hob. III: 49 (1787) - Haydn Quatuor no 1, en ré majeur, op. 25 (1941) - Britten Quatuor no 14, en ré mineur, D. 810 (Der Tod und das Mädchen) (1824-26) - Schubert