Autant il fut sympathique de se retrouver soir après soir, depuis une semaine, mus par une même curiosité et prêts à toutes les surprises, autant il était temps, je pense, que Musi/Mars 2009 lève l'ancre, après tous ces «concerts-fleuves» de trois heures ou plus et... quelques noyades.

De deux heures et demie seulement, le dernier concert, samedi soir, s'éloignait du thème général consistant à juxtaposer des oeuvres de durées très contrastantes. Rien de très bref et rien de très long dans ce programme, scandaleusement dominé par deux genres détestables : le n'importe quoi du Russe Alexander Raskatov et le minimalisme enfantin de l'Américain John Adams.

 

Entendue plus tôt dans la semaine, la blonde et plantureuse Elena Vassilieva (l'épouse de M. Raskatov) se présente cette fois dans un double rôle : vocaliste-percussionniste. Avec le mari au piano (et jusque dans les cordes du piano!), elle répète le mot Hallelujah je ne sais plus combien de fois, toujours différemment, jusqu'à une vague réduction en A-e-ou-a, et frappe en même temps les pièces de sa quincaillerie, parfois entre les syllabes du mot.

Revenant seule, en maillot noir de lutteuse, madame multiplie les pires grimaces en émettant dans un porte-voix les sons les plus horribles. Elle fait vibrer un gong plusieurs fois en criant derrière à tue-tête, puis en frappe un autre qu'elle trempe dans un bassin d'eau.

Combien d'années de conservatoire cet épuisant travail exige-t-il? Réflexion d'un chef d'orchestre bien connu, présent au concert : «Cette musique est finalement plus difficile à écouter qu'à jouer!»

John Adams, lui, a quitté Montréal après ses concerts à l'OSM et ne dirige donc pas, tel qu'annoncé, sa pièce intitulée Son of Chamber Symphony. Denys Bouliane, le directeur de MusiMars, le remplace. Il apporte beaucoup de zèle à sa direction et l'exécution de l'Ensemble de musique contemporaine de McGill semble très soignée. Mais cette musique reste très primaire, répétitive, tapageuse, dépourvue de tout élément mélodique valable et bonne tout au plus à amuser les enfants. Je trouve très déprimante et très dangereuse l'importance qu'on lui accorde.

Ce qu'il y avait de bon dans ce programme était noyé dans toute cette médiocrité. Kya, de Giacinto Scelsi, séduit assez, avec ses harmonies orientalisantes, et le Trio à cordes Solaris se retrouve miraculeusement dans les lignes enchevêtrées de Webern. Excellente aussi, la petite Amy Horvey dans quatre pièces pour trompette seule du même Scelsi.

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MUSI/MARS. Septième et dernier concert samedi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.