Le plus récent disque de l'Orchestre de la Francophonie canadienne et son jeune chef et fondateur Jean-Philippe Tremblay groupe des oeuvres qu'ils avaient présentées l'été dernier au Festival de Lanaudière et ailleurs.

L'enregistrement a été réalisé fin juillet dans l'acoustique exceptionnelle du nouveau Studio MMR de McGill et c'est précisément la qualité strictement sonore de la réalisation qui frappe à la première audition. Le jeune orchestre de 70 musiciens sonne comme une formation absolument professionnelle, dans son tout et dans ses composantes.

 

Mais le disque nous apporte davantage: des interprétations animées par un jeune chef dont l'envergure ne cesse d'étonner. Tremblay lance le Don Juan de Strauss à toute allure, comme il se doit («allegro molto con brio»), mais autant il traduit avec force l'esprit de conquête qui enflamme notre héros, autant il s'attarde aux épisodes tendres et rêveurs où apparaissent les femmes de sa vie; de même, il souligne les solos-personnages comme celui du hautbois représentant Donna Anna.

Du Tristan und Isolde de Wagner, l'OFC joue trois pages: le Prélude et le Liebestod, qui correspondent au début et à la fin de l'opéra, puis le Prélude au troisième acte. Partout, Tremblay obtient de son orchestre riche en cordes une impressionnante reconstitution de l'univers sonore wagnérien. À signaler: le long solo de cor anglais qui ouvre le troisième acte.

Le disque est complété par deux poèmes symphoniques peu connus mais d'une belle qualité d'inspiration et d'écriture: Adonis, de Théodore Dubois, et Hercule et Omphale, de Claude Champagne. On ne sait presque rien sur Adonis, triptyque formé de deux morceaux tumultueux et d'une poétique pièce centrale. On connaît un peu mieux l'oeuvre du Montréalais Champagne. Écrite en 1918 à la manière de Saint-Saëns, elle fut créée à Paris en 1926, jouée trois fois à l'OSM et enregistrée par Raffi Armenian et l'Orchestre-Réseau du Conservatoire en 1983.

Musicien consciencieux, Tremblay accorde à ces deux modestes partitions la même importance qu'aux chefs-d'oeuvre signés Strauss et Wagner. On ne comprend pas cependant le titre «Trahisons/Betrayals» donné au disque. Quel lien avec le contenu musical? ...

CLASSIQUE

ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE DIR. JEAN-PHILIPPE TREMBLAY

STRAUSS, WAGNER, DUBOIS, CHAMPAGNE

ANALEKTA, AN 29 952

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