Entre des concerts à Rome et à Madrid, le réputé claveciniste italien Rinaldo Alessandrini consacrait à Montréal quelques jours de son itinéraire, le temps de master-classes à McGill, à l'UdM et au Conservatoire et d'un récital à Bon-Secours vendredi soir. L'événement attendu avait attiré quelque 200 personnes dont, il va sans dire, bon nombre de nos clavecinistes locaux.
Luc Beauséjour, le directeur de Clavecin en concert, avait mis à la disposition de son invité un instrument français à deux claviers d'Yves Beaupré accordé à 415 selon le tempérament italien de Vallotti.
M. Alessandrini avait établi son programme en deux blocs : compositeurs italiens du XVIIe siècle en première moitié, compositeurs allemands et français en seconde. Frescobaldi partageait la liste italienne avec les obscurs Bernardo Storace, Giovanni Picchi et Michelangelo Rossi. L'après-entracte ramenait des noms plus familiers : Buxtehude avec une pièce à l'origine pour orgue, Handel avec l'une de ses suites, Couperin (plus précisément l'oncle de François le Grand) et Pancrace Royer.
L'exécution du programme entier fut celle d'un solide technicien du clavecin et d'un musicien sensible et sobre. M. Alessandrini ne joue jamais au virtuose. Chez lui, c'est d'abord le message musical qui compte. Il souligne les chromatismes des pièces italiennes, confère un ton noble au Tombeau de Monsieur de Blancrocher, de Louis Couperin, et crée quelques effets comiques dans la pièce un peu démente de Royer, conservant partout une belle sobriété. En rappel, il ajoute une pièce de sa composition qu'il a intitulée Déraisonnable beauté.
Un bon mot, en terminant, pour les notes de programme, signées Jean-Simon Robert-Ouimet, étudiant en musicologie à l'UdM. Ici, rien de la prose hermétique qu'on lit habituellement dans nos concerts de musique ancienne. Au contraire, les textes sans prétention et pourtant clairs et précis de quelqu'un qui sait de quoi il parle.
RINALDO ALESSANDRINI, claveciniste. Vendredi soir, Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Présentation : Clavecin en concert.