La Fondation de l'OSM sera officiellement lancée le 2 avril prochain à l'occasion du concert hommage au Canadien de Montréal, mais la campagne de financement silencieuse de l'orchestre a déjà recueilli des engagements de 20 millions de dollars en 18 mois, un «succès spectaculaire» en ces temps de grisaille financière, selon sa présidente, Hélène Desmarais.

«C'est très difficile en ce moment, admet-elle, on ne peut le cacher. Il faut faire preuve de beaucoup d'audace pour aller voir les gens. Mais on leur propose de nouvelles façons de nous aider, en différant leurs versements, par exemple.»

 

En compagnie de l'ancien président de la Caisse de dépôt Henri-Paul Rousseau, Mme Desmarais a réussi à amasser un magot appréciable auprès de quelques grandes sociétés montréalaises. Mais la présidente de la Fondation souhaite que l'orchestre puisse compter sur un fonds de dotation approchant les 100 millions.

«Nous souhaitons que la Fondation joue pour l'OSM un rôle équivalent à celui des fondations des autres grands orchestres d'Amérique du Nord en assurant sa pérennité à long terme», explique la dirigeante du Centre d'entreprises et d'innovation de Montréal.

Ayant l'habitude des campagnes de financement d'institutions du domaine de la santé et de l'éducation, elle estime que l'OSM possède de belles cartes dans son jeu comme ambassadeur culturel afin de convaincre les donateurs éventuels. Et ce, même si les rendements des fonds de dotation n'ont pas atteint leurs objectifs en 2008.

«Si on veut vraiment faire de Montréal une métropole culturelle, dit-elle, il faut absolument soutenir la culture. Il faut avoir de la vision, et l'OSM, c'est l'une de nos plus grandes marques de renommée internationale.»

À 20 millions, le fonds de l'OSM est encore loin de celui, très enviable, du Boston Symphony Orchestra, qui est de 250 millions. Mais l'OSM a réussi à équilibrer son budget d'exploitation depuis un an. Le déficit accumulé de l'orchestre reste de près de 2 millions, mais il était de 5,3 millions il y a huit ans.

Le soutien d'Ottawa

De son côté, Madeleine Careau, chef de la direction de l'OSM, croit que le gouvernement fédéral pourrait faire davantage afin de soutenir le plus grand orchestre canadien. «Depuis deux ans, souligne-t-elle, Ottawa ne verse plus que 0,52 $ pour chaque dollar que verse le secteur privé. Le gouvernement fédéral nous aide, mais on vise un appariement de 1 $ pour chaque dollar récolté en don. C'est plus facile de convaincre les donateurs de cette façon.»

L'OSM espère générer des profits de 2 millions de dollars avec le concert hommage au Canadien de Montréal. Cette somme financera la première tournée internationale de l'orchestre depuis 10 ans. Pour cette première, aussi, avec Kent Nagano, l'OSM visitera en avril une douzaine de villes européennes. «Contrairement au Canadien, blague Mme Careau, quand l'OSM joue, il gagne tous les soirs.»