Bernarda Fink revenait mercredi soir chez Turp, qui l'avait présentée une première fois ici en octobre 2004. La mezzo argentine avait alors chanté Schubert, Dvorak et Brahms. Cette fois, elle s'en tenait à Schubert et Dvorak.

Son nom avait attiré quelque 500 personnes à Claude-Champagne il y a quatre ans. On en comptait peut-être 250 mercredi à Redpath. Le froid sibérien n'aidait certainement pas, non plus que le menu trop semblable au précédent.

 

Nous avons donc retrouvé Schubert, Dvorak et Bernarda Fink telle que nous l'avions laissée en 2004: simple et attachante dans sa façon de se présenter et irréprochable comme vocaliste et comme interprète.

Si la voix n'offre rien d'extraordinaire quant à l'ampleur et la couleur, elle reste toujours agréable à l'oreille, impeccablement conduite, égale et juste sur toute la tessiture et nourrie d'un discret vibrato. Cette voix appartient cependant au genre «mezzo léger», sans grand caractère, tout comme la Néerlandaise Cora Burggraaf entendue chez Turp avant Noël.

Que des qualités, donc... et néanmoins, au bout du compte, une certaine monotonie, attribuable, je pense, à l'absence chez Bernarda Fink d'une forte personnalité. Ce qu'on a devant soi est tout à fait charmant, mais un peu fade. La même impression qu'en 2004. Pourtant, l'interprète se donne entièrement à chaque pièce. On sent qu'elle comprend parfaitement chaque phrase du texte, livré avec un discret lutrin d'aide-mémoire et appuyé sur un piano faisant corps avec la voix.

Bernarda Fink avait choisi 15 lieder de Schubert la plupart inconnus et 12 de Dvorak: cinq tirés des Chants bibliques op. 99, auxquels s'ajoutaient les sept Chants tziganes op. 55 (dont le quatrième a fait le tour du monde sous le titre anglais Songs my mother taught me).

Tout cela formait un ensemble peu captivant dont il faut cependant isoler quelques surprises: la gravité conférée au lied de Schubert s'ouvrant sur les mots «Schöne Welt, wo bist du?» (Monde si beau, où donc es-tu?), la vitesse folle sur laquelle se déroula Rastlose Liebe et l'entrain contagieux qui anima le dernier Dvorak. Deux rappels, négligeables comme hélas! presque tout ce qui avait précédé: un autre petit Dvorak et un folklore argentin.

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BERNARDA FINK, mezzo-soprano. Au piano: Anthony Spiri. Mercredi soir, Redpath Hall de l'Université McGill. Présentation: Société musicale André-Turp.