La nécrologie musicale de 2008 est dominée par des chanteurs d'opéra applaudis ici même dans diverses productions. Par ordre chronologique:

- La soprano américaine Frances Yeend et le baryton montréalais Napoléon Bisson, respectivement Violetta et Germont (avec l'Alfredo du regretté Richard Verreau) dans La Traviata de Verdi à l'Opera Guild en 1962;

 

- Le ténor italien Gianni Raimondi, Rodolfo dans La Bohème de Puccini, production de La Scala dirigée par le légendaire Karajan à l'Expo 67;

- Pier Miranda Ferraro, autre ténor italien, qui partagea avec Regina Sarfaty les rôles-titre de Samson et Dalila de Saint-Saëns en 1971 à l'Opéra du Québec (organisme qui précéda l'Opéra de Montréal);

- Le baryton britannique Peter Glossop, qui chanta le rôle-titre de Rigoletto de Verdi, également à l'Opéra du Québec, en 1972.

Trois autres noms sont étroitement liés à nos annales de théâtre lyrique: Nathaniel Merrill, qui signa la mise en scène de Salome, de Strauss, à l'Opéra du Québec en 1972, et les chefs d'orchestre Nicola Rescigno et Jean Fournet. Rescigno dirigea deux fois à l'OdQ: La Traviata de Verdi en 1972 et Don Giovanni de Mozart en 1974. Il dirigea aussi l'orchestre au premier concert ici de Maria Callas, en 1958 (il était l'oncle de Joseph Rescigno, ancien chef de l'Orchestre Métropolitain). Fournet dirigea deux fois à l'OdM: Carmen de Bizet en 1988 et Dialogues des Carmélites de Poulenc en 1989.

Le plus célèbre des chanteurs disparus en 2008 reste le ténor italien Giuseppe di Stefano, qui chanta ici maintes fois jusqu'en 1974, année où il partagea la tournée d'adieu de Callas. Chez les sopranos: la Turque Leyla Gencer, connue exclusivement par le disque «pirate», l'Italienne Carla Gavazzi, l'une des dernières représentantes du verismo, l'Américaine Margaret Truman, dont la réputation tenait au fait qu'elle était la fille d'un ancien président des États-Unis, et, du même pays mais moins connues, Klara Barlow et Gail Robinson. Liste complétée par deux ténors, le Letton Sergueï Larin et l'Italien Giuliano Ciannella, la soprano danoise Inga Nielsen et la stupéfiante basse russe Ivan Rebroff, dont la tessiture couvrait quatre octaves et demie.

Aux chefs Rescigno et Fournet s'ajoutent les Britanniques Richard Hickox et Vernon Handley, spécialistes de la musique de leur pays, l'Allemand Horst Stein, l'Américain Richard Westenburg et le Français Jacques Roussel. Chez les chefs de choeur: la Britannique Mary Berry, experte du grégorien, l'Américain Robert Bass et le Montréalais Germain Lefebvre.

Une dizaine de compositeurs nous ont quittés en 2008. Le seul bien connu est Mauricio Kagel, identifié à une sorte d'humour en musique. Les autres: Norman Dello Joio, Alun Hoddinott, Donald Erb, Horatiu Radulescu, Leonard Rosenman, Henry Brant, Jacques Bondon et le Finlandais Pehr Henrik Nordgren, auteur de six concertos pour violoncelle.

De même, les pianistes morts en 2008 ne comptent pas parmi les plus célèbres: Leonard Pennario, Alexander Slobodianik, Yonty Solomon, Margaret Kitchin, Hélène Calef, Pierre Sancan (également professeur recherché) et les Montréalais Neil Chotem et Dorothy Morton.

Mentionnons encore, chez les instrumentistes: l'organiste américain Fenner Douglass, la hautboïste britannique Evelyn Rothwell (veuve du chef d'orchestre Barbirolli), le flûtiste français Gérard Scharapan, le percussionniste montréalais Guy Lachapelle, ainsi que Siegmund Nissel, deuxième-violon de l'ancien Quatuor Amadeus.

En disciplines connexes: Edgar Vincent, qui fut l'agent de nombreux artistes, de Menuhin à Domingo, les musicologues Martine Cadieu et Pierre Vidal, le critique Marc Samson, de Québec, et la doyenne parmi tous et toutes, Madeleine Milhaud, 105 ans, veuve du compositeur Darius Milhaud dont elle établit le catalogue complet et qui fut récitante dans quelques-unes de ses oeuvres.