Le jeune pianiste polonais Piotr Anderszewski était de retour au LMMC dimanche et y fit presque salle comble. Son programme était substantiel et original. Ce qu'il en fit n'était pas toujours à la hauteur, mais le choix d'oeuvres était bon au départ.

Un Bach pour commencer: deuxième Partita, do mineur, six mouvements. Cette musique conçue sur un clavecin, Anderszewski la phrase en pianiste, mais sans les excès romantiques qu'invite le piano et, au contraire, avec rigueur, dureté même, sauf pour une Sarabande bien maniérée.

 

Passant à Schumann, il nous épargne le sempiternel Carnaval op. 9 et propose l'autre, celui de Vienne. Cette fois, cinq pièces seulement: une première très longue, puis trois courtes, et une forme-sonate pour terminer. Sans être du grand Schumann, l'oeuvre requiert technique et fantaisie. Anderszewski montre qu'il possède l'une et l'autre.

Le recueil de Janacek au titre français Dans les brumes n'est pas non plus une oeuvre essentielle du répertoire. Il mérite néanmoins une audition occasionnelle et celle de dimanche était pianistiquement forte et toujours sentie.

Le moment le plus attendu du programme, la Sonate op. 110 de Beethoven, fut aussi le plus décevant. Le pianiste retombe dans son défaut de tout à l'heure et joue beaucoup trop fort. Beethoven marque le thème du Scherzo «piano» puis «forte». Son interprète le prend «forte» puis «fortissimo». On compte aussi beaucoup de fausses notes.

Le sublime Adagio qui sert de transition vers la fugue finale est anéanti par la toux explosive et persistante d'une auditrice des premiers rangs. Le pianiste, dont on s'étonne qu'il ne s'arrête tout simplement pas, traverse tant bien que mal la fugue, puis revient pour un très long - et très beau - rappel: le mouvement lent de la Sonate K. 457, en do mineur, de Mozart.

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PIOTR ANDERSZEWSKI, pianiste. Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation: Ladies' Morning Musical Club. Programme: Partita no 2, en do mineur, BWV 826 (c. 1727) Bach Faschingsschwank aus Wien, op. 26 (1839) Schumann V mlhach, JW VIII/22 (1912) Janacek Sonate no 31, en la bémol majeur, op. 110 (1821) Beethoven.