Arion marque le proche bicentenaire de la mort de Haydn avec un programme de quatre symphonies inspirées au compositeur par le Sturm und Drang («Orage et passion»), ce mouvement d'origine allemande qui secoua le monde culturel vers 1760, mettant l'accent sur l'intensité de l'expression et annonçant ainsi le romantisme.

Des quatre symphonies retenues, trois sont écrites dans une tonalité mineure et portent des sous-titres qui en disent bien le contenu. Lamentatione se passe de traduction, mais il faut savoir que Trauer veut dire «deuil» et que la «Passion» évoquée dans la Symphonie no 49 n'est pas celle que l'on pense mais celle du Christ.

 

Pour ces Haydn, Arion avait invité Gary Cooper, qui n'est évidemment pas le célèbre acteur de cinéma mais un chef britannique qui dirige en réalisant au clavecin une sorte de basse continue. Tradition remontant à Haydn, le clavecin sert ici d'appui aux musiciens. Mais on ne l'entend à peu près pas à l'arrière de la salle. Autre élément d'ordre historique : le nombre de musiciens réunis par Arion, soit 17, est, selon M. Cooper, celui du temps de Haydn. De plus, tous jouent sur des instruments dits «d'époque» et au diapason 430.

Donné vendredi soir et hier soir, le concert est repris cet après-midi. Au risque de s'inscrire en faux dans le monde musicologique, on a le droit de préférer entendre les symphonies de Haydn par un grand orchestre moderne, principalement celles du Sturm und Drang, dont les élans et contrastes appellent une plus nombreuse participation instrumentale. Il faut cependant reconnaître que ces effets, M. Cooper les obtient dans les limites de cette formation «ancienne» proche de la musique de chambre. Il sait accentuer, il fouette ses archets et il fait presque toutes les reprises. Mais il n'est pas responsable des éclats gênants des deux cors naturels et des petits écarts de justesse chez les violons jouant à l'unisson.

La Symphonie no 41, la seule des quatre qui ne porte pas de sous-titre, comprend un solo de flûte au deuxième mouvement. Assise derrière l'orchestre depuis le début, la directrice d'Arion, Claire Guimond, vient jouer son solo debout devant lutrin, comme une soliste. Les passages rapides en triples croches répétées la forcent à un léger ralentissement. Détail à corriger, bien sûr, avant l'enregistrement du programme, dans quelques jours.

ORCHESTRE BAROQUE ARION.

Chef invité : Gary Cooper. Vendredi soir, Redpath Hall de l'Université McGill; reprise auj.,14 h.

Programme : quatre Symphonies de Joseph Haydn (1732-1809) : No 49, en fa mineur (La Passione), Hob. I:49 (1768) No 41, en do majeur, Hob. I:41 (1768) No 26, ré mineur (Lamentatione), Hob. I:26 (1768) No 44, en mi mineur (Trauersymphonie), Hob. I:44 (1772)