Monté ce week-end à McGill, Thésée, opéra de Lully à sujet mythologique, prend deux heures et demie à se dérouler. Avec l'unique entracte de 20 minutes, le tout fait un spectacle de trois heures.

Le scénario est d'une complexité presque comique. En simplifiant considérablement, il se ramène à quelques lignes. La sorcière Médée et la jeune princesse Aeglé, pupille du roi Égée, sont toutes deux amoureuses du héros grec Thésée. Égée, qui a pourtant promis à Médée de l'épouser, aime Aeglé et veut en faire sa reine. Bien qu'indifférente devant Égée, Médée humiliée lui suggère de tuer Thésée, ce qu'il s'apprête à faire lorsqu'il découvre que Thésée est son fils.

 

Pour le reste et pour le dénouement, c'est Pollack Hall cet après-midi, 14h30, troisième et dernière représentation de cette «tragédie en musique».

On pouvait craindre que l'ennui ne s'installe pendant ces trois heures d'opéra baroque sur un sujet aussi loin de nos sensibilités. Au contraire, le metteur en scène et directeur de l'Atelier d'opéra de McGill, Patrick Hansen, a conçu un spectacle extrêmement vivant où tous les sujets jouent d'une manière convaincante et où les liens et conflits entre les personnages sont bien marqués.

Toutes les voix sont bonnes, en particulier celles de Stephanie Manias, déjà presque soprano dramatique, en grande-prêtresse de Minerve, et Jaakob Palasvirta, basse au grave ouvert et sonore, en soldat Arcas. Margaret Rood, en Aeglé, a une voix un peu perçante mais est bonne comédienne, Margaret Meyer, en Cléone, confidente d'Aeglé, pousse une voix légère et joue avec naturel, Emma Parkinson projette le mezzo timbré et le geste menaçant d'une convaincante Médée, et la voix du roi Égée est celle du solide baryton Jonathan Woody. Tous anglophones, ces étudiants parviennent à chanter le très beau texte de Quinault dans un français plus soigné que ce qu'on entend habituellement à McGill.

L'action se déroule sur une petite scène, en présence de la cour de Versailles, rien de moins. Il y a une profusion de costumes colorés et les décors sont simples mais jolis et efficaces. À signaler encore, les divertissements dansés, les effets d'éclairage et les monstres que Médée, coiffure à cornes, appelle à son aide.

Dans la fosse, Hank Knox dirige du clavecin des choeurs très fermes et un petit orchestre toujours agissant.

THÉSÉE, opéra en un prologue et cinq actes, livret de Philippe Quinault, musique de Jean-Baptiste Lully (1675). Production: Atelier d'opéra de l'Université McGill. Mise en scène: Patrick Hansen. Décors: Vincent Lefèvre. Costumes: Ginette Grenier. Éclairages: Serge Filiatrault. Orchestre baroque de McGill. Dir. Hank Knox. Avec surtitres français et anglais. Première vendredi soir. Dernière auj., 14h30.