Franz-Paul Decker, l'un des anciens titulaires de l'OSM invités pour la 75e saison de l'orchestre, a préparé deux programmes axés sur ses spécialités germaniques: un Richard Strauss cette semaine, un Johann Strauss la semaine prochaine.

Le programme Richard Strauss avait attiré mardi soir quelque 2000 personnes (malgré la télévision!); il est repris exceptionnellement ce soir. Entracte compris, il y en a pour deux heures exactement.

 

Les trois oeuvres groupées par Decker illustrent bien la production de Strauss: elles sont orchestrées somptueusement, elles sont extrêmement bruyantes, tout en offrant des accalmies qui reposent du tapage, et elles exigent le maximum de virtuosité de l'orchestre.

La Symphonia domestica, dont les 45 minutes forment la première moitié du concert, met en scène la famille Strauss: papa, maman et leur enfant, représentés tour à tour par un instrument ou un groupe d'instruments: le violon pour la mère, le hautbois d'amour pour l'enfant, etc. À la fin, une fugue décrit une dispute familiale sans gravité.

Decker joue beaucoup sur les couleurs dans cette musique qu'il aime tant; les vents, en particulier, ont un timbre très pointu qui convient au sujet. Mais que de tapage et que de confusion! La maison Strauss est décidément une maison de fous. Cela sonne quand même magistralement, le plaisir des auditeurs et des musiciens est évident et tous font un triomphe à Decker.

Marc-André Hamelin est ensuite le soliste de Burleske, où se sont illustrés avant lui à l'OSM les Arrau, Barenboïm et Glenn Gould. L'oeuvre de 20 minutes exige le summum de technique, avec des doubles octaves à n'en plus finir; elle demande aussi de l'humour. La technique, Hamelin la possède à 100 pour 100: scintillante, comme immatérielle. Et il a son humour à lui, par exemple dans la façon désinvolte de faire rapidement passer une phrase d'une main à l'autre main. Mention au timbalier, qui a lui aussi fort à faire.

Decker termine la soirée avec l'une des suites de concert, celle de 1944, de Der Rosenkavalier. Encore une musique qu'il aime profondément - un tourbillon dans lequel il entraîne tout l'orchestre... et la salle.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Franz-Paul Decker. Soliste: Marc-André Hamelin, pianiste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts; reprise ce soir, 20h. Série «Grands Concerts». Programme consacré à Richard Strauss: Symphonia domestica, op. 53 (1903) Burleske, pour piano et orchestre (1885-90) Suite de l'opéra Der Rosenkavalier (1944)