On ne se trompe pas en disant que le nom de Siegmund von Hausegger n'est connu que des collectionneurs d'enregistrements historiques de symphonies de Bruckner. Le chef d'orchestre autrichien (1872-1948) fut le premier à enregistrer la neuvième Symphonie de son compatriote - un document de 1938 réédité par EMI avec d'autres gravures de l'époque.

On ignorait que Hausegger fut aussi compositeur. La marque CPO, spécialisée dans les raretés, nous révèle aujourd'hui sa Natursymphonie pour grand orchestre et choeur final, en quatre mouvements et d'une durée de près d'une heure.

 

L'oeuvre se veut moins une description des grands espaces qu'une réflexion mystico-philosophique sur la nature qui, en se renouvelant sans cesse, devient synonyme de destruction. Que le compositeur ait eu cette étrange conception de la nature, son oeuvre souvent menaçante et même violente le laisse croire; on en a d'ailleurs la confirmation à la lecture du texte très long et quelque peu alambiqué qui accompagne le disque. Destruction, donc. Mais l'espoir renaît avec l'Hymne de l'éternelle force créatrice, le choeur final qui occupe les 11 dernières minutes.

La grandiose Natursymphonie de Hausegger s'apparente aux symphonies de Mahler par l'envergure des moyens employés (très gros orchestre, choeur mixte) et certaines formules harmoniques. Elle fut d'ailleurs terminée en 1911, quelques mois après la mort de Mahler. Mais elle reste assez originale et s'inscrit dans le gigantisme qui produisit à la même époque les Gurre-Lieder de Schoenberg.

Il est faux cependant de dire que l'oeuvre fut influencée par la Alpensinfonie de Richard Strauss puisque celle-ci date de 1915. L'inverse serait plus plausible. Peut-être Strauss entendit-il l'oeuvre de Hausegger. Chose certaine, il connaissait son jeune collègue, dont il avait créé en 1898 l'opéra Zinnober.

Une très belle découverte, donc, cette Natursymphonie, et présentée dans des conditions idéales. Le chef finlandais Ari Rasilainen obtient de l'excellent Orchestre de la Radio de Cologne une interprétation pleinement engagée, le choeur est puissant et expressif et la prise de son est de premier ordre.

CLASSIQUE

HAUSEGGER: NATURSYMPHONIE. ORCHESTRE ET CHOEUR DE LA RADIO DE COLOGNE, DIR. ARI RASILAINEN

CPO, 777 237-2

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