Deux sommets du répertoire composaient le programme dominical de l'OSM hier après-midi: le Concerto pour violon de Sibelius, que James Ehnes a fait en 33 minutes, et la huitième Symphonie de Chostakovitch, où Jean-François Rivest a tenu en haleine orchestre et auditoire pendant au-delà d'une heure.

Cette troublante et tapageuse fresque de Chostakovitch sur la guerre - elle date de 1943 - peut facilement éclipser tout ce qui la précède au concert. Au sortir de la salle, c'est encore ce qui vibrait dans l'air. Pourtant, le Sibelius d'avant l'entracte était irréprochable.

 

L'OSM semble avoir adopté James Ehnes. Qu'on n'ait pas à se plaindre de son travail, ce n'est pas une raison pour le ramener aussi régulièrement, tel un abonné. Le jeune homme devrait apprendre à refuser; ses visites, dont on risque de se lasser, n'en seraient que plus précieuses.

Cette observation n'a rien à voir avec sa prestation d'hier: le Manitobain a traversé la très difficile partition sans aucun problème de justesse, de sonorité, d'expression soutenue, de quoi que ce soit, en fait. Il lui manque simplement, comme toujours, une toute petite chose, qu'il n'acquerra visiblement jamais: la personnalité...

Heureusement, Rivest était là pour inspirer l'orchestre et donner au Sibelius son relief dramatique. Après l'entracte, il s'attaquait au Chostakovitch que son «patron» Nagano avait dirigé dans cette salle en février 2006 et que lui-même monta avec son Orchestre de l'Université de Montréal en décembre suivant.

Une brève présentation parlée de Rivest - à la Yannick N.-S. - est appréciée car l'OSM tient encore la salle dans l'obscurité, empêchant ainsi le public de savoir ce qu'il va entendre. Ici encore, une toute petite chose: il manque l'étincelle, qui mettrait le feu à cette affaire-là, comme cela avait été le cas à l'OUM.

L'OSM joue comme le grand virtuose qu'il est: les cuivres (rarement aussi exceptionnels), les bois criards, les cordes unifiées, les timbales déchaînées, mais il semble blasé à côté du jeune OUM. Rivest commande tour à tour la plus grande violence et la plus grande douceur. Il obtient l'une et l'autre, mais à un degré encore insuffisant. On voudrait avoir peur, on voudrait verser une larme, mais ça ne vient pas.

J'allais oublier le petit exercice du début: ancien tromboniste de l'OSM, Joseph Zuskin a orchestré le dernier Prélude et Fugue pour piano de Chostakovitch habilement, à la Stokowski. Mais dans quel but au juste?...

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Jean-François Rivest. Soliste: James Ehnes, violoniste. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Dimanches en musique». Programme: Prélude et Fugue pour piano op. 87 no 24 (1952) - Chostakovitch, orchestration: Joseph Zuskin Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 47 (1903-05) - Sibelius Symphonie no 8, en do mineur, op. 65 (1943) - Chostakovitch