C'est programme «moderne» cette semaine à l'Orchestre Symphonique de Montréal. Un hasard, bien sûr. Les trois oeuvres n'ont rien en commun, chacune est là sans doute parce que c'est son heure d'y être et demain, tout sera oublié.

La création de Ramon Humet s'inscrit dans le Prix (ou concours) international de composition de l'OSM. Ce Catalan en avait remporté en janvier 2007 la principale récompense, soit une somme de 25 000 $ et la commande d'une nouvelle oeuvre. Il avait gagné avec des Escenas de pajaros, d'une durée de 12 minutes, qui nous valent maintenant des Escenas de viento qui en font 18. (Mon espagnol étant inexistant, je ne risquerai pas de traduction. Mais l'OSM aurait dû en fournir!)

Les petits bruits qui meublaient les «pajaros» reviennent au début du «viento» pour être bientôt amplifiés à tout l'orchestre. L'ensemble est raffiné mais se ramène à des recherches de timbres ne menant nulle part. Dans ses notes, l'auteur nous confie candidement avoir eu ici «une avalanche infinie d'idées»... qu'il a, de toute évidence, gardées pour lui. Il est quand même venu saluer sur scène.

John Corigliano, qui écrit de la musique plus commerciale, suit avec un concerto pour violon en quatre mouvements basé sur des thèmes de la musique qu'il composa pour le film The Red Violin et qui totalise 38 minutes. Le jeune violoniste américain Joshua Bell, associé pour toujours au sujet, a exécuté avec passion et exactitude cette partition carrément centrée sur le violon et ses possibilités, et dans laquelle l'orchestre a un rôle secondaire. Mais, à y bien penser, quelle musique insignifiante, qui se veut romantique, qui se veut moderne, et qui n'est ni ceci, ni cela.

Jacques Lacombe, le chef invité, semble à court d'inspiration après avoir eu à défendre ces 56 minutes d'élucubrations. La partition ouverte devant lui, il se contente d'une bonne mise en place du Concerto pour orchestre de Bartok. Les groupes dialoguent bien, les timbres sont beaux et on oublie les petites imperfections - dans les divisi, par exemple. La réalisation manque simplement d'engagement, de force et de surprise. On dirait que chef et orchestre n'ont pas véritablement de plaisir à faire de la musique ensemble.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Jacques Lacombe. Soliste : Joshua Bell, violoniste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Grands Concerts».

Programme :

Escenas de viento (2008) (création) - Humet

The Red Violin Concerto, pour violon et orchestre (2003) - Corigliano

Concerto pour orchestre, Sz. 116 (1943) - Bartok